"C'est peut-être plus facile de parler de lui, simplement de lui. Il avait un corps souple, un corps de danseur. Il souriait souvent, sans raison particulière, c'était comme des guillemets au début et à la fin des phrases, ses yeux se mettaient à briller, son visage s'ouvrait. J'avais l'impression que son sourire se faufilait en ondulant dans mon corps comme une liane toute douce, se blotissait dans mon ventre et le fécondait pour donner naissance à mon propre sourire. Il avait une cicatrice de deux centimètres sur la pommette gauche. Il aimait le goût du cognac après l'amour. Il frottait son index droit replié au-dessus de sa lèvre lorsqu'il réfléchissait. Il avait les cheuveux bouclés. Des yeux un peu enfoncés dans les orbites.
Une incisive ébréchée.
Dans son armoire quatre pantalons noirs, six polos noirs, trois pulls noirs."
Emmanuelle a commencé un livre qui parle d'une jeune femme, Lila Kovner, photographe, tombée amoureuse d'un jeune homme, Malik que sa disparition soudaine laisse anéantie. Emmanuelle veut continuer à lire son livre alors ce matin elle laisse ses aînés à l'école, son fils à la crèche, mais ne se rend pas au travail. Elle prend des chemins de traverse, des bus inconnus, elle savoure ce temps pour soi qu'elle a conscience de devoir voler à ceux qui partagent sa vie d'ordinaire, la sclérose aussi, sa famille. Errant dans Paris, elle est obsédée par cette femme de papier qui réveille en elle des souvenirs, ses rêves assoupis, et lui donne des envies sauvages de liberté.
Suivre cette jeune femme, Emmanuelle, dans son errance et au fil de l'écriture de Valérie Zenatti est une expérience plutôt agréable et un plaisir que je n'ai pas boudé. Il m'a simplement manqué un "je ne sais quoi" de grandiose pour réellement me dire "tiens, voici une lecture à ne pas oublier". Et pourtant, beaucoup de passages m'ont particulièrement touchée et émue. Alors, sans doute, suis-je encore prise en flagrant-délit de chipotage, sans doute, mais il me semble que quelques scènes auraient pu être poussées un peu plus...
Allez, pourtant, voici tout de même un livre à noter sur vos tablettes, un roman qui nous parle de manière si fine du pouvoir des êtres de papier sur nos vies, et de ces obsessions de lectures qui nous prennent parfois (incompréhensibles aux simples mortels que les non-lecteurs sont) ne peut se manquer. Et puis, il y est question d'amour, de choix de vie, de virages à prendre, ou pas, de décisions, d'amitié féminine et ma foi...c'est bien.
ISBN 978 2 87929 696 8 - 16.50€ - JANVIER 2010
Clarabel a aimé et ajoute à sa lecture quelques points de suspension - Celle de Cathulu se rapproche de la mienne...merci !!