Langue de seconde classe

source: www.rdeeipe.ca

Ça y est, les jeux olympiques sont – enfin – commencés ! Après tout le battage médiatique, les « cossins » promotionnels, les « gogosses » de toute sorte, les publicités, la planète a maintenant les yeux tournés vers Vancouver. Près de 7 milliards de dollars investis (dont 2,2 milliards de nos poches), engloutis à un moment où l’on parle de déficits et de compressions dans les services publics. 2,2 milliards de fonds publics, du Québec et d’ailleurs, pour voir notre langue, qui est aussi l’une des deux langues prétendument officielles de ce pays, de même que de la Fédération olympique internationale (certains ignorent l’histoire de Coubertin), effacée de la cérémonie d’ouverture des jeux. Le Comité organisateur des jeux de Vancouver (COVAN) nous aura finalement prouvé, à la face du monde entier, ce que l’on savait depuis longtemps : au Canada, le français est une langue de seconde classe.

Et si…

Et si les jeux olympiques d’hiver s’étaient tenus au Québec par exemple, dans notre capitale nationale, et qu’on y avait traité l’anglais à l’instar de ce qui a été fait lors de la cérémonie d’ouverture, qu’aurait-on dit dans le ROC ? Les pollueurs de blogues se seraient sûrement déchaînés, aussi violemment qu’ils le font ces derniers jours, en utilisant sûrement les mêmes arguments que ceux des Québécois : l’anglais est une de nos langues officielles, nous avons payé pour ces jeux, etc. Il est fort à parier que les grands quotidiens anglophones du pays se seraient joints eux aussi au concert orchestré contre le comité organisateur québécois, que l’on aurait tôt fait de pointer du doigt les « séparatistes » québécois, leur manque d’ouverture, leur nationalisme primaire et obtus. Tout ceci à la hauteur de l’iniquité qui existe depuis toujours dans la fédération envers la langue de Molière. Cette situation, étalée au grand jour, est une incroyable insulte pour le statut de notre langue, pour tous les francophones du pays (Québécois, Acadiens, franco-Ontariens, etc.) dont les deniers ont servi à financer cette orgie sportive. Cette situation est également une insulte pour tous les athlètes francophones canadiens, québécois (Alexandre Bilodeau a remporté la première médaille d’or de l’histoire du Canada à domicile) qui feront honneur à leur coin de pays durant les jeux d’hiver. Calculez bien le nombre de médailles que décrocheront nos jeunes Québécois et Québécoises dans les prochains jours et dites-vous bien que malheureusement, leur gouvernement, leur « pays » n’est pas à la hauteur des honneurs qu’ils auront décrochés. Comme l’a si justement écrit Michel David dans son billet du 16 février : « au Canada, on ne respecte pas le français, ni ceux qui le parlent sauf s’ils montent sur le podium drapés d’un unifolié.»

Chez nous

S’il y avait encore quelqu’un qui avait besoin de se faire convaincre de l’iniquité linguistique au Canada, les récents jeux sont la preuve irréfutable d’un malheureux état de fait. Espérons que le COVAN saura se reprendre pour la cérémonie de clôture, mais cela relève de l’espoir, voir du fantasme. Peut-être serons-nous gratifiés de quelques sous-titres et « bonnnnnejourreee » de circonstance. Quant à notre gouvernement du Québec, timoré comme à son habitude, il devrait s’inspirer un peu plus de ce que l’ancien président Chirac avait fait lors d’une réunion de chefs d’entreprises étrangères quand un patron français avait pris la parole en anglais : se lever et prendre la porte, comme il convient de faire lorsque sa langue est souffletée. Que notre Assemblée nationale honore nos athlètes qui performeront, chez nous, en attendant de voir notre drapeau un jour brandi par des jeunes d’ici, quelque part ailleurs dans le monde…

pierrelucbrisson.wordpress.com

___________________________________ Politicoblogue.com \ Parce que la politique est partout!
Langue de seconde classe