Suite à une année 2009 particulièrement pénible, les prochains mois seront cruciaux pour l’Action démocratique du Québec. Je vous confie que je ne sais pu trop quoi penser de ce parti.
Tout d’abord, les résultats des sondages récents ne me surprennent pas.
Ce parti se cherche depuis bien plus longtemps que l’élection de Gilles Taillon. Rappelons-nous que seulement 30 % des membres ont choisi de faire un petit téléphone d’une minute pour voter à la succession de Mario Dumont.
Le mois de noirceur qui en a suivi a fait fondre ce maigre 30 % des membres et la perception dans la population est maintenant bien installée.
Après avoir déçu au minimum 1,2 million de leurs partisans pendant qu’il était l’opposition officielle, l’ADQ a laissé une profonde trace d’amateurisme et de vaudeville l’automne dernier. Gérard Deltell se retrouve dans une chaloupe déjà à moitié remplie d’eau et pas grand monde pour ramer.
Pourtant, l’enquête de Canoë de janvier dernier concernant la popularité des idées pour éliminer le déficit québécois m’a confirmé que plusieurs idées adéquistes sont bien perçues par un grand nombre d’électeurs.Sur le top 10 des solutions, on retrouve :
- Permettre l’établissement de cliniques de santé entièrement privées pour ceux qui désirent payer afin d’obtenir une consultation médicale plus rapidement
- Introduire des péages sur certains ponts et autoroutes
- Imposer un ticket modérateur pour l’accès aux soins de santé
- Abolir les commissions scolaires
- Abolir les cégeps et ajouter une année au secondaire
C’est assez en lien avec plusieurs propositions passées de ce parti et c’est sans compter que près des trois quarts de la population croient qu’il faut réduire la taille de la fonction publique.
De plus, toutes propositions d’augmenter les revenus de l’État sont rejetées. En clair, 84 % des gens considèrent qu’il y a gestion inefficace au gouvernement et qu’il y a gaspillage d’argent.
L’appel au courage et à la responsabilité lancé par Gérard Deltell dans le Devoir la semaine dernière était très bien, mais combien d’anciens électeurs adéquistes lisent ce journal?Il me semble que cette lettre aurait dû être destinée aux journaux de Gesca qui sont d’abord plus nombreux et surtout qui vont rejoindre un plus grand nombre d’anciens partisans de l’ADQ. Ceux dont elle a besoin très rapidement.
Gérard Deltell à aussi parler de réduire les dépenses du gouvernement d’un milliard de dollars ainsi que de mettre fin à la permanence des employés incompétents de la fonction publique. Des positions courageuses, mais il manquait d’argumentaire. Le chiffre d’un milliard n’a jamais été justifié et la position sur la permanence de la fonction publique a du être expliqué par la suite.
Ça évidemment pas été très bien reçu par certains, mais ceux-ci n’appuieront jamais ce parti. Par contre, je me dois de relever les écrits de Richard Martineau et de Michel Hébert qui sont loin de croire que ces idées sont ridicules.
Gérard Deltell a fait les bonnes propositions mais il doit absolument être soutenu par une ou plusieurs études passées. Il est chanceux le PLQ en a tabletté plein dans les dernières années. L’ADQ se doit d’être irréprochable dans la formulation de ses solutions, sa crédibilité est tellement basse actuellement.
D’autre part, la découverte de Pierre Morin à propos de motions péquistes en faveur d’une dépense additionnelle récurrente pour l’État d’un milliard et demi m’a secoué. Lui qui a été, l’an dernier, le chef de cabinet du leader de ce parti est bien placé pour connaître les entourloupettes péquistes.
J’ai, comme lui, bien de la misère à comprendre comment Janvier Grondin et Sylvie Roy, deux députés qui fêteront leur septième anniversaire à l’assemblée nationale dans quelques semaines, ont pu se laisser aller dans une telle désinvolture.
Une grande faiblesse de Mario Dumont était l’absence d’un discours argumenté avec de la profondeur. Gérard Deltell a fait deux propositions qui sont bien de la philosophie du centre-droit mais il manque la même profondeur dans le discours.Cette faiblesse permet à plusieurs de dénoncés ces positions (3 exemples ici) qui sont pourtant valables et qui méritent d’être au moins discuté.
Puis, maintenant deux de ses trois collègues ne suivent plus le programme du parti, c’est rien pour améliorer les choses. En somme, je me questionne sur le futur de cette formation politique.
Marc Picard, ex-député adéquiste siégeant maintenant comme indépendant, croit qu’il y aura la formation d’un autre parti de droite dès l’an prochain.
Joseph Facal a publié, en janvier, un essai intitulé : « Quelque chose comme un grand peuple ». Je l’ai pas encore lu, mais plusieurs blogueurs de droite (Québec droite, Joanne Marcotte et l’intelligence conséquente) l’ont analysé et ils l’ont bien aimé en général.Puis, il y a eu, l’instant de quelques heures, une rumeur voulant que François Legault, pressé par des gens d’affaires près des lucides, soit intéressé par la formation d’un nouveau parti de centre-droit.
Facal est en Espagne jusqu’à l’été prochain, il est professeur dans une université et non en sabbatique. Legault veut déconnecter de la politique jusqu’à l’automne prochain. Ni l’un, ni l’autre, ne disent non à la politique de façon définitive.Mon analyse : On s’est bien que la nature à horreur du vide. J’ai bien l’impression que si l’ADQ est incapable d’atteindre 10% dans les sondages en juin prochain, ce sera très pénible de continuer longtemps ainsi.
La pression ne sera que plus forte, j’imagine que Gérard Deltell est conscient de tout ça. Six mois en politique c’est une éternité, mais c’est bien court aussi. Les erreurs devront être bien peu nombreuses.
Des rumeurs de coalition entre ces quatre politiciens (Facal, Legault, Caire et Deltell) seront certainement de retour après l’été, mais il est bien improbable qu’ils formeront un jour les quatre mousquetaires du centre-droit. Un ou plusieurs passera probablement à côté de remettre le Québec sur ses rails.
En terminant, j’ai été assez surpris de sa décision de ramener l’homme de confiance de Mario Dumont, Alain Sanscartier. Celui qui aurait été l’un des grands responsable de la déconfiture de l’ADQ lors de son passage à l’opposition officielle.Pourtant, en janvier, Gérard Deltell envoyait comme message qu’il voulait faire différent… il semble que cette nomination en a laisser plusieurs songeurs.
Il me semble qu’une personne de l’extérieur aurait aussi pu avoir de l’expérience et en plus amener de l’air frais. Par exemple, Raymond Bréard, l’ancien conseiller de Christian Lévesque à la course à la chefferie, a été chef de cabinet du ministre des finances et il a aussi été directeur général du PQ.
Une telle nomination aurait envoyé un tout autre message que le retour à la continuité. Ça peut aussi être ça le courage, sorti de ses vieilles bottines.
Article préalablement publié sur le blogue Montréalais d’origine.
___________________________________
Politicoblogue.com \ Parce que la politique est partout!
Vers où se dirige l’ADQ ???