A force de dire n'importe quoi, vous verrez que le jour où nous aurons besoin de dire n'importe quoi, la chose n'aura plus l'effet que nous voulons lui donner. N'importe quoi !
Prenons le cas de Marie-Luce Penchard, la ministre de l'Outre-Mer. Ni chaud, ni froid. J'ignorais jusqu'à son existence. Qu'a-t-elle dit ou qu'a-t-elle fait pour qu'on la désigne à la réprobation de tous ? Je vous dirai que tout ça m'indiffère. Je ne vais pas me mettre à dos une cohorte d'excités gauchisants, pour défendre l'indéfendable… Permettez, je suis quand même un brin perplexe.
Voici, hors contexte, un extrait de la déclaration de l'outre-ministre : “Je n'ai envie de servir qu'une population, c'est la population guadeloupéenne.” C'est honnête. Elle dit spontanément ce qu'elle pense dans le cadre d'un « mandat électif ». Aucune ambiguïté, elle s'occupe de la Guadeloupe et elle le dit. Ce que chacun fait dans son coin à longueur d'année. Combien de ministres, de députés, d'hommes politiques, de tous bords, qui ne pensent qu'à leurs petites affaires ? Plan de carrière d'abord. Arrêtons de faire semblant de nous fâcher, d'aller chercher les valeurs républicaines pour fustiger le comportement d'une responsable politique qui ne fait que mettre en évidence ce que tout le monde pratique depuis toujours. Ne faisons pas semblant. Arrêtons de dire n'importe quoi !
A croire que les élections ne se gagneront pas sur un programme, ni sur des idées, mais sur l'impopularité du National Président. On peut penser dès lors que ce n'est plus l'opposition qui gagne sur la base d'un programme, mais Sarko qui se ramasse à cause de sa mégalomanie. Cela laisse songeur. Donner à un épisode microcosmique la dimension d'une révolution nationale est bien risible.