Vous vous souvenez du débat ouvert l'an dernier par un rapport (controversé) de l'Inserm, soutenu par Nicolas Sarkozy, et qui conseillait de détecter dès l'âge de 3 ans des troubles de conduite chez l'enfant ? Deux nouvelles études, nord-américaines celles-là, montrent qu'il n'y a aucune fatalité dans ces matières, et que tout est toujours plus complexe qu'on ne le le pense. Un enfant peut ainsi avoir des problèmes de comportements en maternelle, mais aucune difficulté scolaire ensuite...
Le New York Times a signalé mardi ces deux études, qu'il a rapprochées.Selon la première (ici en PDF), publiée dans la revue Developpemental Psychology, les élèves de maternelle qui sont considérés comme "difficiles" -ceux qui ont des "problèmes relationnels", qui sont "agressifs"- ont des résultats similaires, en élémentaire, à ceux des autres enfants de même milieu socio-économique. L'étude se fonde sur les résultats de six grandes enquêtes réalisées sur des enfants depuis les années 1970.
L'autre étude, publiée par le National Institute of Mental Health, arrive à la conclusion que le "déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité" (TDA/H) serait lié, dans la plupart des cas, à un simple retard dans la formation de certaines parties du cerveau, et non à des troubles neurologiques permanents: le problème se règlerait donc, naturellement, les années passant.
40 000 régions du cortex ont été étudiées, par l'imagerie médicale, sur 446 enfants, dont la moitié étaient atteints du "trouble du déficit d'attention". Chez ces derniers, la moitié des sites étudiés n'arrivent à maturité qu'à 10 ans et demi en moyenne, au lieu de 7 ans et demi chez les enfants qui ne souffrent pas de TDA/H. Les trois-quart des enfants ayant connu ce problème (souvent traité par des médicaments aux Etats-Unis) s'en débarassent avant l'âge adulte.
Evidemment, ces deux études ne signifient pas qu'il faut se désintéresser des problèmes de comportement des jeunes enfants -que ce soit l'agressivité ou la difficulté de concentration- et cesser de chercher à les corriger. Mais ce qu'elles tendent à confirmer, c'est que les raisonnements fatalistes ("tout se joue entre 0 et 3 ans", "celui-là, c'est de la graine de voyou") ne sont pas sérieux.
Par Pascal Riché - http://rue89.com/ 14/11/2007