Vu et revu en me pinçant au détour d'une page du Point de cette semaine, cette encart de pub du gouvernement nous informant du Grand Emprunt (avec des majuscules, pour faire plus soviétique ou maoïste, selon votre préférence) concernant la recherche, l'enseignement, la formation, le développement durable, l'économie numérique, etc.
J'ai vu que d'autres blogs ont hurlé avec le PS et Benoît Hamon, sur le mensonge contenu dans cette publicité en ce qui concerne le dit Grand Emprunt, pas si grand que ça à ce qu'il paraît. Là n'est pas mon propos. Ce qui m'a choquée, c'est bien la vision de cette Marianne enceinte, de blanc vêtue, qui ne montre pas ses seins comme sur le tableau de Delacroix, et qui donc ne symbolise plus la liberté suprême (par extension, de la femme), mais bien une glorification de la fonction première de la femme : l'enfantement. Car moi je lis bien : femmes, investissez dans votre avenir, faites des enfants.
Avec son air de Sainte Blandine martyre, elle n'a pas l'air bien dangereuse me direz-vous, cette Marianne aux allures de Schtroumpfette. C'est justement ça qui achève de m'exaspérer. Si l'on ne voit pas dans cette personnification de la France en femme enceinte (donc produisant de futurs bons Français, de souche bien sûr), regardant vers l'horizon, un puant relent de l'imagerie pétainiste, c'est à se demander si l'entreprise de lobotomisation et de propagande de l'UMP n'a pas atteint son but.
A croire que c'est un fait exprès si le livre d'Elizabeth Badinter Le conflit la femme et la mère est sorti la semaine dernière. Précisément. Mme Badinter s'insurge avec véhémence contre ce qu'elle nomme le retour en force du naturalisme (qui se donne comme argument principal, pour justifier que les femmes abandonnent l'idée d'égalité pour retourner faire des enfants, le discutable concept d'instinct maternel) et la culpabilité des femmes qui font le choix de ne pas avoir d'enfants, ou de laisser planer le doute sur leur envie. A croire en effet, que l'époque n'est plus aux autodafés de soutifs et à l'envie de se démerder seule, même s'il est vrai que l'époque est moins riante et pleine d'espérance qu'en 1970.
Au passage, je n'ai qu'à peine commencé le livre, mais je le trouve déjà riche d'enseignements ou d'arguments nourrissant une pensée pas si solitaire. Et Eric Zemmour peut bien descendre le bouquin en flammes. A vrai dire, on n'en attendait pas moins de lui.
Je suis bien convaincue qu'il se trouvera de nombreuses personnes, et sans doute parmi elles des femmes, pour trouver cette affiche de toute beauté. Et c'est bien ça qui m'inquiète.
Ah, il est loin ce temps-là (!) :