A la veille des élections régionales, la polémique enfle.
En fait, cela fait plusieurs mois déjà que Quick a ouvert ses restaurants halal. Passée inaperçue hier, cette décision fait aujourd'hui la une de tous les journaux.
KFC revandique d'ailleurs depuis longtemps n'utiliser que de la viande certifiée halal.
Alors choquant ou non?
Le contexte :
Tout d'abord, notons un point qui n'est précisé par aucun journaliste, c'est que Quick... c'est nous ! En effet, cette belle entreprise charia-compatible appartient à CDC Capital Investissement (renommé il y a quelques semaines Qualium Investissement) qui n'est autre que le fonds d'investissement de la Caisse des Dépôts et donc celui de tous les français qui paient des impôts.
Donc, indirectement et en faisant un raccourci que les médias adoreraient, les menus halal sont la nouvelle stratégie marketing du gouvernement français !
Evidemment, tout n'est pas aussi simple et l'indépendance managériale est réelle. Mais quand-même, c'est amusant de voir qu'il est toujours dangeureux pour l'état de faire du business...
Le débat :
Sur le fond, cette mesure gênante prend ses racines dans le noeud gordien de l'homme moderne : le veau d'or. Encore et toujours. Le raisonnement économique de Quick est simple : Roubaix et d'autres villes ont une population majoritairement musulmane; offrons donc à nos clients ce qu'ils attendent.
Quick ne se présente pas comme une entreprise sociale ni encore moins comme un lieu d'éducation. C'est juste une entreprise rachetée en LBO qui cherche à maximiser son profit pour rembourser sa dette. Point.
Est-ce un point de vue tenable?
Chez BeniNews, nous considérons que l'entreprise fait partie du corpus social. Qu'au sein de l'entreprise, l'homme peut participer à sa vocation première d'être co-créateur de ce qui l'entoure. Cela signifie que l'entreprise doit intégrer cette vocation et toujours rechercher le développement humain.
Le lancement d'un nouveau produit ou d'un nouveau concept ne sont pas des décisions simplement financières. Une stratégie d'entreprise aura forcément un impact sur les salariés, les consommateurs, l'environnement, etc.
La création de restaurants halal posent ainsi le problème de la laïcité et plus loin, de la nation française. Mais dans un cadre de liberté entrepreneuriale...
Problème de laïcité, car Quick répond à une obligation rituelle religieuse et lance ainsi des "muslim burgers". En cette période de carême, Quick devrait contrebalancer avec des "christian burgers" et lancer 8 restaurants ne proposant pas de viande le vendredi. Qui plus est, la certification halal suppose de payer des religieux musulmans. Qui dirait-on d'un Quick finançant le séminaire de Lille? Mais le souci de Quick n'est pas tant religieux que culturel. Quick entend s'adapter à ses clients.
Question nationale donc, car Quick choisit volontairement de s'ouvrir à la culture arrivante plutôt que de l'intégrer à la culture historique. Et c'est là toute l'inquiétude des français. Ne pratiquant plus leur christianisme, ayant oublié de longue date leurs bases, enfermés dans une civilisation économico-droit de l'hommiste, nos concitoyens se sentent perdus.
Liberté entrepreneuriale aussi, car Quick ne crée pas le demande, il y répond. C'est là un point important. Bien-sûr Quick va un peu vite en besogne et profite de l'affirmation identitaire musulmane pour faire de l'argent (veau d'or, veau d'or). Mais malgré tout, le débat n'aurait pas lieu dans une France priante. La peur de l'autre serait différente dans une France sûre de ses racines, de sa foi et de son amour.
Le spiritual burger :
Ce Carême est un bon moment pour rebondir. Pour nous souvenir pourquoi l'Eglise nous impose certaines obligations, nous rappeler lesquelles et les mettre en pratique.
Peut-être alors n'irons-nous plus chez Quick parce que nous ne serons pas en phase avec une vision mercantiliste de la spiritualité.
Peut-être alors dirons-nous à l'état qu'il a d'autres chats à fouetter que financer des fast-foods en espérant une plus-value.
Peut-être alors serons-nous plus attentifs à ce christianisme qui ne nous impose ni halal ni casher mais nous demande de nous transformer de l'intérieur plus que de l'extérieur.
Pendant les 40 prochains jours, nous pouvons râler. Nous pouvons nous mobiliser ou crier au scandale.
Mais nous pouvons aussi aller dévorer nos propres spiritual burgers.
Chaque jour de la semaine un bon "spiritual burger" : le café de l'amitié.
Chaque samedi un excellent "spiritual burger" : le déjeuner familial.
Et chaque dimanche le meilleur "spiritual burger" qui soit : l'amour de Dieu dans l'Eucharistie.