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Robert Pandraud voltige vers les étoiles

Publié le 18 février 2010 par Bravepatrie

Robert Pandraud est mort ce matin à Suresnes à l’âge de 81 ans. L’ancien ministre de la Sécurité Publique était apprécié pour son caractère entier - on disait volontiers de lui qu’il démarrait au quart de tour. L’annonce du décès de ce membre du bureau politique de l’UMP a eu un effet lacrymogène rue la Boétie, où ses camarades le pleurent à chaudes larmes.

Les feux de la rampe qui s’étaient braqués sur Robert Pandraud lors des désordres civils suivant l’annonce de la réforme Devaquet [1] ne lui rendaient pas justice. Car l’éclairage aveuglant sied mal au grand flic, plus habitué à se trouver de l’autre côté du spot dans la gueule.
Pour ce Ponot rugueux mais pudique, pendant janusien de son exubérant ami et ministre de tutelle Charles Pasqua, la célébrité passait mal. Il préférait de loin s’imprégner dans l’ombre des murmures du non-dit et déceler la poésie des sentiments que révèle en filigrane la rumeur sourde de la ville. Il faut dire que les RG aidaient bien de ce côté-là.

L’incident médical dont avait alors été victime un jeune étudiant avait bouleversé Robert Pandraud. Car Malik Oussekine était ce qu’on appelle aujourd’hui un Auvergnat, tout comme le ministre tant attaché à sa chère terre de volcans.
Marqué dans sa chair par ce triste événement, il redouble d’ardeur à la tâche. Dans le même temps, ébranlé par la fragilité d’une vie humaine, il laisse paraître un aspect de sa personnalité qu’on connaissait moins, la grâce aérienne d’une écuyère debout sur sa motocyclette.

Il se fait tour à tour défenseur d’un amour paternel total (« Je suis père de famille, et si j’avais un fils sous dialyse je l’empêcherais de faire le con dans la nuit ») et promoteur acharné de l’avancement au mérite et de la justice de la vérité (« Malik n’a jamais pu passer son bachot. [...] Ce n’était pas le héros des étudiants français qu’on a dit. »).
En laissant libre cours à ses sentiments, Robert Pandraud a ainsi su rendre à la riche matière qui faisait sa vie, la police, une valeur humaine. On la méprisait auparavant, dorénavant on la craint. Ce qui est vachement plus humain en effet.

L’UMP unanime se presse aujourd’hui pour rendre hommage à Robert Pandraud, et les éloges s’accumulent, en tout cas jusqu’à ce qu’on soit sûr d’avoir retrouvé tous ses dossiers.
Mais nous ne trouvons en définitive rien de plus à dire, en guise de salut, que l’épitaphe que ce cultivateur de jardins secrets s’était choisie : « Si j’étais mort, j’empêcherais ma nécro de faire la conne sur internet. »

Notes

[1] Pour les plus jeunes de nos lecteurs : il s’agissait en termes d’agitation publique d’une espèce de CPE, mais avec des couilles.


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