Ou la malédiction du dimanche….
Rose Bakery, la Bellevilloise, la place du Marché St honoré : tout ça c’est fini ! Depuis dimanche dernier, les bobos ont changé de crèmerie. Désormais, poussettes 3 roues et doudounes Moncler ne jurent plus que sur un seul brunch : le brunch du Comptoir Général. Comment ça - c’est quoi le Comptoir général ? Le Comptoir, c’est un nouvel espace événementiel qui accueille entreprises et assoc’- dédiées à la solidarité et au développement durable - alors bon, dit comme ça, c’est pas top glamour… sauf que le lieu a été décoré avec des meubles de récup, les murs tapissés avec des papiers peints destroys, le tout habillé de gris-gris, de vieilles affiches… De ce presque cabinet de curiosités, l’équipe a fait du Comptoir un endroit vivant et parfaitement dans l’air du temps. Nadège Winter, la branchissime djetto - productrice a tout de suite vu le potentiel du lieu et surtout le potentiel trendy. Ni une ni deux, elle lance tous les 1ers dimanche du mois le Brunch Bazar. Séduite par le concept, et curieuse du résultat, tatagrid a immédiatement filé rancard à sa potesse Elodie au Comptoir, direction l’un des fiefs bobo de la capitale : le Canal St Martin. Bon d’accord, tu fais la queue pendant 15 minutes, pour aller bouffer des œufs brouillés de poules élevées en plein air- alors que juste la veille t’as refusé catégoriquement d’attendre devant un club plus de 4 minutes. Mais franchement le jeu en valait la chandelle…
A peine arrivées, on s’est senties comme débarquées dans une communauté amish bobo. Les mêmes gens partout, un portrait de famille désespérant ou plutôt une vraie caricature : mummy + daddy nonchalants et négligemment heureux accompagnés de leur inévitable chérubin braillard. Le concept de Bazar brunch : un catalogue de toutes les envies bobos, saupoudré d’un esprit écolo, cool et vintage : activité tricot avec nos amis de Wool and the Gang, cours de danse Bollywood, bouffe tellement bio qu’au bout de 10 minutes l’odeur de cake organic à l’herbe coupée te paraît irrespirable- et, après un petit tour aux stands “fashion débarras” (faut bien checker la came créateurs & vintage), on a fini par partir en courant. Dans ces moments là, tu te dis que ce dont tu rêves c’est du bon classique, l’institution, le truc que tu connais par cœur - pas du tout nouveau mais où tu sais que tu vas être bien !
C’est donc chez Prune que nous sommes allées nous consoler pour oublier la quiche à l’ortie et la soupe de panais… Au programme : Viennoiseries, pain-beurre-confiture, jambon cru, fromage, œufs brouillés, salades de chou, jus frais…LE BO- NHEUR… Pour te faire patienter, tu vois arriver une corbeille en osier : celle que tu imaginais garnie de pains à l’épeautre et aux 8000 céréales, de mini pains au chocolat et de brioches dorées. Et là : AAAAAAAH ! tu cries, tu ne comprends pas, tu fais arrêt sur image, tu te dis que le cuisinier, il a buggé !
le panier ressemble trait pour trait à celui que j’ai offert à à ma nièce à Noël avec des faux aliments en plastique …. Une pauvre viennoise au chocolat, celle que t’achetais en sortant des cours en 5ème, parce que ça coutait même pas 2 francs à l’époque. Tu goûtes, faut donner sa chance au produit, mais non, rien à faire, même le Doo Wap, à côté, c’est plus moelleux, tu trempes dans ton café, c’est dégueu. Alors, tu te jettes sur le pain beurre confiture et là tu te rends compte que ta confiture - St Mamet, en petit pot individuel -, c’est de la pure gélatine… Et puis, nous n’avons toujours ni couteau, ni assiette… alors, au bout du roul’ - on se fait nos tartines avec notre fourchette…. Je vois les gens qui s’attroupent devant le restaurant, ils font la queue dehors…je suis excédée. il est 15 H 30, c’est dégueulasse, je suis colère et j’ai trop faim… Nous décidons de ne rien dire au serveur - rapport au cuisinier qui pourrait cracher dans nos plats. J’appréhende le salé…les assiettes arrivent, elles sont tristes, les œufs tirent la tronche, le jambon a l’air déprimé… je goûte les œufs.. froids…nous renvoyons les assiettes, je décide de boire un 3ème café, ça ne me calme pas du tout. Les assiettes reviennent, les œufs sont à peine tièdes, on ferme notre bouche, on a trop faim. Je me bats avec la graisse de mon jambon cru- visiblement sous vide, le cantal est over pasteurisé, la salade n’est pas assaisonnée… L’addition est sur la table, on va payer au bar… J’hésite à aller voire un des serveurs… mais pour dire quoi ? Il n’y a rien à sauver : C’est une cause perdue. Je repense à la soupe de panais et au carrot cake du Comptoir général, je me dis que j’aurais bien testé le tricot finalement… Ce sera pour le mois prochain, maintenant…
Le Comptoir Général
80, Quai de Jemmapes, Paris 10