Les chemins de l’information sont longs et tortueux. L’expérimentation menée par Quick a été révélée par Le Parisien-Aujourd’hui en France à la mi-décembre. Etrangement, elle ne ressurgit que maintenant comme un coup d’aiguillon destiné à réveiller l’électorat frontiste déjà caressé dans le sens du poil par un débat dur l’identité nationale qui s’est terminé en eau de boudin. C’est d’ailleurs par la voix de Marine Le Pen, invitée de Canal + dimanche, que l’initiative Quick vient sur le devant de la scène politico-médiatique.
Reste le fond du problème. Si l’argent n’a pas d’odeur on peut se demander ce que fait la Caisse des Dépôts et Consignations, bras financier armé de l’Etat, dans le rôle d’actionnaire majoritaire de Quick sauf à considérer que le hamburger est devenu un enjeu stratégique.
Quand la religion s’invite à table, ce n’est jamais très bon. Quick défend l’expérimentation par la niche économique que représente le marché de l’alimentation halal en France. Cet argument ne saurait justifier le fait d’imposer à la clientèle une viande Halal. Toute la polémique tourne autour de l’absence de choix.
René Vandierendonck, maire socialiste de Roubaix, se trouve en pointe dans ce combat.La Voix du Nord rapporte les propos de l’édile qui doit rencontrer successivement la direction régionale et la direction nationale de la chaîne: “Je souhaite que Quick sorte par le haut de cette affaire. Je ne fais de procès d’intention à personne mais souhaite faire respecter une offre commerciale non discriminatoire. Je mets en avant une position de droit en disant oui à une offre halal mais non exclusive. Je ne céderai pas d’un pouce et explorerai toutes les voies juridiques avec un avocat, Me Frank Berton.“
Vison différente pour Marine Le Pen. Ce matin, la nouvelle égérie de l’extrême-droite française a bu du petit lait au micro d‘ Europe 1, dénonçant “une islamisation qui va continuer à marche forcée, s’il n’y a pas un coup d’arrêt électoral qui est donné“.
De son côté le gouvernement se contente de dénoncer à l’image de Bruno Le Maire, une montée du communautarisme. “Qu’on prévoit des aliments spéciaux, conformes à certaines règles, pour que chacun puisse trouver ce qu’il souhaite, dans un Quick par exemple, ça ne me pose pas de problème. Qu’en revanche on retire toute viande de porc dans un magasin de restauration ouvert au grand public, là, je pense qu’on tombe dans le communautarisme, et le communautarisme est contraire aux principes et à l’esprit de la République“, a déclaré le ministre de l’agriculture lors du “Talk” Orange/Le Figaro.
C’est effectivement l’esprit de la république qu’il faut retrouver car si le communautarisme progresse c’est bien que la république régresse. Qu’est devenu à cet égard le plan Marshall des banlieues de Fadela Amara, qui devait tout changer ? Où est la volonté de l’Etat ? A-t-il seulement une vision claire à ce sujet ?
L’affaire Quick rappelle avant tout que la nature a horreur du vide. La refondation du pacte républicain apparaît de plus en plus comme inéluctable.