Il y a des jours où j'ai envie de tout mettre en veilleuse. Passer une soirée tranquille. Une soirée pieds en éventail, l'esprit au sec. C'est ce que j'ai fait ce mardi soir. Soirée téloche. Dans mon galetas, j'ai une petite téloche qui capte les chaines généralistes. Pas besoin de plus. La ligue des champions, Lyon-Real sur la Bouygues chaine, non merci. Les commentaires, les commentateurs, les millions, les transferts, les salaires, les déclas, les analphabètes d'avant et d'après match, gavant ! C'est arrivé à tel point que lorsqu'un match m'intéresse, je coupe le son. Je mets de la musique. J'ai suivi le dernier Monaco-Marseille avec mon vieux baladeur CD. Je me suis attardé sur Anouar Brahem, musicien tunisien que j'adore. Il y a dans sa musique des racines lointaines qui m'apaisent. « Le pas du Chat noir », « Astrakan café » ou « Le voyage de Sahar » sont simplement magnifiques. Cela me donne la chair de poule rien que d'y songer.
Donc, les pieds en éventail dans mon pageot, je lisais le programme télé de la soirée de mardi sur l'Ouest-France. « Sur la route de Madison », de et avec Clint Eatswood, accompagné par une Meryl Streep merveilleuse dans son rôle de femme au foyer usée mais gardant assez d'énergie pour une dernière et magnifique aventure amoureuse… J'avais déjà vu ce film de Clint. De toute façon, Clint est mon réalisateur préféré. Il sait raconter une histoire. Que demande-t-on au cinéma sinon des bonnes histoires ? J'ai opté pour FR 3. J'étais content de mon choix : le film, les infos et le « ce soir ou jamais » de l'intelligent et jovial Frédéric Taddei. Ouste! Le foot, « le grand frère » qui suivait sur la une, les JO et autres « les parents les plus stricts du monde » sur la 6. Pauvre monde !
Les choses ont commencé à se gâter sitôt le film terminé. Entre deux spots publicitaires, tous les soirs, avant les infos, apparaît à l'écran une sorte de jument surréaliste venant nous expliquer dans sa « minute hippique » les arcanes des hippodromes. Hallucinant ! Cela est d'une nunucherie atterrante ! J'ignore d'où vient cette canassone, ni l'idée de l'avoir mise là à cette heure, mais j'exhorte vivement FR3 à déprogrammer la chose s'ils ne veulent pas perdre l'audience pour le reste de la soirée. Le temps que cette frangine quitte le fenestron, je suis passé sur la 2. Fidèle au service public je suis. Il pleuvait des médailles dans le camp français. Les cocardiers étaient à la fête.