Le journaliste et opposant tunisien, Toufik Ben Brik, n’a plus donné de nouvelles. Depuis le jour de son procès, le 19 novembre, personne n’a pu le voir, ni sa famille ni ses avocats, assure-ton dans son entourage. Condamné à six mois de prison ferme, jeudi dernier par le tribunal de première instance, pour «faits de violence, outrage public aux bonnes mœurs et dégradation volontaire des biens d'autrui», l’opposant au régime de Ben Ali aurait disparu, alors qu’il était détenu dans la prison de Mornaguia, à Tunis. Azza Zarrad, l’épouse du journaliste, partie lui rendre visite le jour de l’Aïd (avant-hier) n’a pas pu le voir. «Aujourd'hui, c'est le jour de l'Aïd, un jour de visite autorisée pour tous les détenus. Je suis allée à la prison de Mornaguia, pour voir Taoufik. Après 5 heures d'attente, les gardiens m'ont demandé de partir en disant que Taoufik n'est pas dans cette prison, sans plus d'informations», a déclaré l’épouse de l’opposant tunisien à l’hebdomadaire français, le Nouvel Observateur. Elle s’est dit très inquiète du sort que le régime de Tunis a réservé à son mari. «Je n'ai aucune information. Je ne l'ai pas vu depuis son procès. Je ne sais pas où il est ; je ne sais rien de lui. Je ne sais pas si on le tabasse, s’il est vivant ou s’il est mort», a-t-elle ajouté. Elle s’inquiète d’autant plus que le journaliste souffre du syndrome de Cushing, une maladie chronique qui le prive de son immunité. Selon Zarrad, si le journaliste reste sans ses médicaments, «il risque de mourir en 48 heures». Elle a lancé un appel à l’opinion internationale pour se mobiliser et mettre la pression sur le régime de Ben Ali afin qu’il puisse retrouver enfin sa liberté.
Azza Zarrad sollicite l’aide du fondateur du Nouvel Observateur, Jean Daniel. Dans une lettre qu’elle lui a adressée, elle lui demande d’intervenir et de faire en sorte que son époux soit sauvé des geôles de Ben Ali. «Aujourd’hui, jour de l’Aïd, jour de visite spontanée, j’ai été privée, comme tout le reste de la famille de rencontrer Taoufik. L’unique réponse qui nous a été signifiée : Ben Brik n’est pas en prison et nous ne savons pas où il est (…) Samedi, dimanche, jours fériés, personne n’aura de ses nouvelles. Où est mon mari ? Qu’est-il advenu de lui ? Pourquoi nous refuse-t-on de le voir ? Est-il hospitalisé ? Est-il toujours vivant ? (…) J’ai peur pour son intégrité physique et je suspecte, non sans raison, que quelque chose lui est arrivée, pour le cacher du regard de sa famille et d’autrui. Bientôt mon mari sera à court de médicaments vitaux, l’hydrocortisone et je m’alarme. Qui va lui en procurer ? Pas l’administration pénitentiaire, en tous les cas. (….) Vous êtes mon unique secours pour sauver et libérer Taoufik. Sauvez-le», écrit Zarrad dans sa lettre. Durant son procès, le journaliste a affirmé être «victime d'un traquenard posé par la police politique» en raison de ses écrits contre le régime du président Ben Ali. «Je suis la victime et non l'accusé dans cette affaire entièrement montée par la police politique », avait-il répondu au juge qui l'interrogeait sur les charges retenues à son encontre.
Source :Hacen O, Elwatan .