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Les meilleurs (2)

Publié le 17 février 2010 par Malesherbes

Le 14 janvier 2008, Nicolas Sarkozy signe à Abu Dhabi un accord de coopération dans le nucléaire avec les Emirats arabes unis. Areva, GDF Suez et Total s’allient alors pour répondre à un appel d’offres portant sur la construction à Abu Dhabi de deux réacteurs EPR. La date limite de remise des offres est le 3 juillet 2009, pour une décision le 16 septembre. Le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, n’avait alors pas voulu s’engager, jugeant peut-être plus simple d’améliorer les résultats de son entreprise en augmentant ses tarifs, face à des abonnés largement captifs, plutôt qu’en recherchant de la création de valeur dans un grand projet industriel, qualifié de l’opportunité du siècle.

Les trois partenaires éprouvent quelques difficultés à travailler ensemble et leurs chamailleries n’échappent pas à leurs clients émiratis. Areva, handicapée par d’importants retards dans le chantier EPR dont elle assure la maîtrise d’œuvre, à Olkiluoto en Finlande, est réticente à assumer ici le même rôle.

De son côté, le client demande en mai 2009 qu’EDF, qu’il considère comme l’acteur central du nucléaire français, rejoigne le consortium. EDF et GDF Suez sont alors chargés de piloter l’ensemble. L’intégration d’un nouveau partenaire dans un appel d’offres n’est assurément pas aisée mais en confier la direction à ce nouveau venu est pour le moins imprudent. L'associer à GDF Suez était peut-être destiné à faciliter son insertion mais chacun sait qu’il n’est guère possible sur un bateau d’avoir deux capitaines.

Dans une intervention désespérée qui démontre l’absolue et tragique incompétence des politiques en matière industrielle, le 11 novembre 2009, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, se rend à Abu Dhabi pour obtenir un délai et ordonner la confection d’une nouvelle offre française, en demandant que la maîtrise en soit assurée par EDF. Peut-être s’imaginait-il que le nouveau président d’EDF, Henri Proglio, pourrait, par quelque coup de baguette magique, remettre d’aplomb un projet démarré depuis 22 mois, retardé par l’insertion d’un nouveau participant six mois plus tôt et à nouveau remis en cause. Les signatures de notre Président le 14 janvier 2008 et le 26 mai 2009 ne valent aussi malheureusement que le poids de leur encre et n’ont aucun effet performatif. Le verdict ne tarde pas à tomber : Abu Dhabi choisit l’offre coréenne.

Mais la responsabilité de l’échec pèse surtout sur les chefs d’entreprise, parmi lesquels Pierre Gadonneix et Anne Lauvergeon, qui n’ont peut-être pas fait les meilleurs choix techniques et qui se sont surtout préoccupés égoïstement chacun de l’intérêt de son entreprise, sans penser à celui de l’industrie française. On nous dit que ces personnes d’élite sont bien payées parce qu’elles ont de lourdes responsabilités. Soit, qu’attendent-elles alors pour en porter le poids ? Ah, j’oubliais, bien évidemment, nul n’aurait pu faire mieux, elles sont les meilleures, leurs compères et nos politiques vous l’assurent.


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