Ces dernières années, la gestion des ressources humaines donne de plus en plus dans la communication. La communication c’est « on fera », « on va faire », « demain sera mieux » et ça n’est pas : faire au quotidien sans rien dire. Comme si toute action faite dans l’entreprise devait aussitôt être « revendue », et faire l’objet d’une publicité auprès des salariés. La communication ça peut être aussi : « tout va bien, chez nous les gens sont heureux, et c’est le paradis » alors que ça ne l’est pas forcément.
Les valeurs humaines véhiculées par le groupe Ikea semblaient issues d’un management participatif et familial, version nordique. D’après les témoignages de ses salariés en grève, elles se sont transformées en règles de base de la grande distribution. C’est à dire en : grande flexibilité des horaires et des jours de travail, faible rémunération, peu ou pas de reconnaissance, dynamisme et bonne humeur exigés, proximité affichée de l’encadrement avec le tutoiement… Dommage, il y aurait certainement plus et mieux à faire. Le problème, c’est que ça coûterait plus cher. Beaucoup plus cher ? Au final, non. Mais ça serait plus cher. Bon, alors pourquoi s’embêter la vie ? C’est moins cher et plus simple de dire : « ceux qui veulent travailler n’ont qu’à travailler », « des gens comme vous, y’en a plein qui attendent dehors », « dites-vous que vous avez de la chance d’être ici », etc.
Bien sûr, ces expressions ne sont pas dans l’article qui suit portant la parole des salariés d’IKEA. Mais elles auraient pu, tant c’est à chaque fois la même rengaine. Ce que nous disent les salariés d’IKEA, c’est que le plus important dans une entreprise c’est le climat et le rapport aux autres… mais, aussi, le salaire ! Ce qu’ils nous rappellent égalemen,t c’est que c’est bien beau d’avoir une gestion financière au cordeau, mais si au final, c’est pour faire exploser l’image qu’on s’est donnée auprès des clients depuis des années… est-ce judicieux et rentable ? Peut-être que oui, après tout. Les ventes ne vont pas s’effondrer. Les clients se diront juste que c’est une entreprise comme les autres. Une entreprise comme celle dans laquelle ils vont travailler chaque jour.
Personnellement j’aime beaucoup leurs produits, mais je me souviens aussi que les services RH de l’entreprise avaient déjà eu du fil à retordre avec une affaire de discrimination à l’embauche. C’était il y a plusieurs années, en 1999, je crois…
Les témoignages qui sont entendus ici, sont significatifs et intéressants. Ils doivent inspirer le secteur de la grande distribution afin qu’il imagine une autre façon de manager, et accepte, enfin, de partager les bénéfices engrangés.
Ces témoignages me rappellent également mon passage dans ce même secteur. J’ai fait partie d’un grand groupe comme chef de rayon, et on nous apprenait la hierarchie suivante :
En 1/ Le client
En 2/ L’actionnaire
En 3/ Les salariés
Et, en 4/ Les fournisseurs
C’était il y a 15 ans.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/02/17/des-salaries-d-ikea-demontent-le-mythe_1306545_3224.html