Parmi les huit talents présentés, j’ai retenu les « sculptures » de porcelaine de Jonathan Hammer, originaire de Chicago, qui a puisé dans le registre de l’enfance avec la création de
sept culbutos, sept personnages sans visage qui se laissent bousculer sans jamais tomber.
« Je travaille autour d’un certain type de jouets, caractérisés par une ambivalence dans leur conception, leur forme
ou leur fonction : à la fois bourreaux et victimes, maîtres et esclaves, dominants et dominés, explique Jonathan Hammer. Quelque chose que nous pouvons aimer et torturer, chérir et maltraiter. C’est pour moi une parfaite représentation du rôle qu’alloue la société à l’artiste : à la fois le
plus libre de ses membres et celui sur qui chacun projette sa propre conception de la liberté jusqu’à l’emprisonner ».
Ces personnages étranges aux allures de clown incarnent-ils notre propre cruauté ? Le culbuto a une base arrondie lestée pour que même renversé, il puisse se redresse toujours à la verticale
en oscillant : il ne craint pas les coups, il les esquive.
« La résilience est peut-être belle comme une perle, mais elle n’est jamais solide », dénonçe le psychanalyste Serge Tisseron agacé par cet abus de langage (in Le Monde
Diplomatique août 2003). Parce que la personnalité « ne cultive pas l’art de rebondir », elle peut
casser comme de la porcelaine… en témoigne les culbutos de Jonathan Hammer.
En attendant, je vous invite à aller voir cette exposition réjouissante à la Mona Bismarck Foundation 34 avenue de New York à Paris, jusqu’au 17 avril.
Photos : D.R.