La fille qui t’expliquait comment carboniser sans peine tes endives au jambon

Par La Chose

Parce qu’un vrai blog de fille ne te prend pas pour une bille et te propose toujours une super rubrique culinaire avec tout plein de jolies photos et tout plein de mots compliqués, comme « déglacer », « décuire » et même « organoleptique »…


Loutre n’aime pas les endives au jambon. Il paraît que ça remonte à son enfance, parce que sa mère faisait souvent des endives au jambon. Moi non plus, j’ai jamais bien compris ce qu’il y avait de particulièrement traumatisant là-dedans (ma mère à moi mélangeait des patates sautées Picard avec des harengs, ben ça m’a pourtant pas marquée plus que ça). Toujours est-il que je ne cuisine jamais d’endives au jambon à la maison.

Je ne cuisine de toute façon jamais d’endives. En fait je ne cuisine jamais. C’est Loutre qui fait la popote, ou bien c’est le gentil boutonneux en scooter qui vient livrer des choses dans ma maison (ça nous coûte des sous et ça dégouline souvent de matières luisantes et mal identifiées, mais ça nous permet de regarder Drucker le dimanche sans interruption, c’est trop bien).

Les endives au jambon, donc, j’en prépare jamais. Sauf quand j’ai très très envie de mettre Loutre en pétard, vu qu’il n’y a pas grand-chose d’autre qui puisse ébranler sa sérénité chronique de moine tibétain shooté au Xanax (à part peut-être quand notre chatte, qui s’appelle Eva Braun, dégueule dans ses chaussons en pleine nuit, c’est pour ça qu’on l’a appelée Eva Braun d’ailleurs, parce qu’elle a ce côté faussement ingénu qui trompe bien son monde et qu’en réalité c’est une vraie salope perverse). Quand j’ai très envie de mettre Loutre en pétard, je carbonise amoureusement un plat d’endives au jambon. C’est pas très difficile, vu que je carbonise à peu près tout ce que j’essaie de cuire, que ce soit au four, à la poêle ou sur un feu de joie (oui je sais, on dit un barbecue, mais chez nous ça se transforme souvent en feu de joie, même si c’est très involontaire).

Pour carboniser des endives au jambon, c’est pas compliqué: il te faut des endives et du jambon.

Tout le reste, c’est complètement accessoire, donc le gruyère, la béchamel et la chapelure, tu oublies.

Tu enroules chaque tranche de jambon autour d’une endive (si tu as du temps à perdre, tu peux faire cuire les endives avant, mais si tu veux vraiment énerver Loutre, tu les utilises crues, ça crame plus vite).
Une fois que tu as tes espèces de nems rosâtres qui te font irrésistiblement penser à des trucs pas catholiques et pas thétiques non plus, tu préchauffes ton four au maximum. Au maximum, ça veut pas dire à 200°, ça veut dire que tu tournes l’espèce de bouton noir à fond vers la droite.
Et là tu attends.

Pendant que tu attends, le mieux c’est encore de te mettre un épisode d’Absolutely Fabulous sur ton Home Cinema trop puissant (enfin, c’est ce que moi je fais, après c’est toi qui vois, personne ne t’empêche de regarder NCIS à la place, tu as parfaitement le droit d’être un gros bourrin d’extrême-droite favorable à la chaise électrique, à la Guerre contre la Terreur et aux milices privées).

Une fois que tu sens comme une odeur de métal qui fond, c’est que ton four est suffisamment chaud. Alors tu enfournes le plat d’endives au jambon et tu recules vite de deux ou trois mètres (moi j’ai toujours l’extincteur de la voiture à portée de main parce que je suis une gonzesse raisonnable et une bonne citoyenne). Tu attends jusqu’à ce qu’une fumée noire s’échappe de ton four, et là tu attrapes un gant (j’en mets deux ou trois l’un sur l’autre, on ne sait jamais, je suis une gonzesse raisonnable et une bonne citoyenne) et tu sors ton plat.
En principe, ça ressemble un peu à un gros tas de charbon fumant.

Après, t’as plus qu’à attendre que Loutre revienne à la maison, et tu peux te refaire tranquillement la bataille la plus bourrine de Braveheart dans ta cuisine, avec les têtes coupées qui volent et tout et tout.
Voilà. En même temps, quand on résussit à ne pas carboniser des endives au jambon, ça ressemble à ça:

Tu peux penser ce que tu veux, la photo vient d’un vrai blog de cuisine hyper-connu sur lequel même ma belle-mère va piocher ses idées (c’est pour ça que j’évite de manger chez elle autant que je peux) Alors bon, à choisir…