Quelle étrange conception des relations sociales que celle du gouvernement. Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, aura attendu la veille de la grève alors qu'il était techniquement impossible d'éviter les arrêts de travail pour recevoir certaines organisations syndicales.
Alors que la grève des transports paralyse Paris, la banlieue et une très grande partie du réseau SNCF, le ministre du Travail se félicite que la CGT envisage "une négociation dans les entreprises" en contrepartie du fait qu'elles soient tripartites. Belle progression en effet, mais il a tout de même fallu que François Fillon lui rappelle que la décence lui intime de recevoir au plus vite l’ensemble des syndicats. Nicolas Sarkozy a d'ailleurs dressé la liste des points qui devraient être abordés lors de ces rencontres en citant notamment "la pénibilité, l’emploi des seniors, l’aménagement des fins de carrière, le régime additionnel de retraites sur les primes, les avantages familiaux et conjugaux"... Et dire qu'avant la grève, l'Elysée n'avait pas de mots assez forts pour expliquer qu'il ne reculerait pas d'un d'un centimètre sur la réforme de régimes spéciaux.
Mais plus grave qu'un simple revirement (tactique ???), l'attitude actuelle du gouvernement qui consiste à ouvrir un simulacre de négociation en sachant parfaitement qu'elle ne pourra éviter la grève (le prévis débutait moins de 4 heures après le début de la rencontre avec la CGT et surtout la centrale de Montreuil n'est pas seule dans cette action...) démontre une nouvelle fois la volonté de Nicolas Sarkozy de briser les syndicats. Le président de la République en foulant au pied le dialogue social qui aurait pu permettre d'éviter le conflit par de vraies négociations en amont, joue désormais sur du velours en opposant désormais sa volonté (feinte) de dialogue au jusqu'au-boutisme des grévistes.
Cerise sur le gâteau, si la négociation débouche sur un semblant d'accord avec Bernard Thibault, accord qui serait très probablement rejeté par la base, Le chef de l'Etat sera en plus parvenu à durablement affaiblir la CGT.