« Démineurs » de Kathryn Bigelow ( M 6 Video)
Avec Jeremy Renner, Anthony Mackie, Brian Geraghty
Sortie cinéma : 23 septembre 2009
En dvd le : 24 février 2010
Nommé aux Oscars : Meilleur film – meilleur réalisateur et meilleur scénario
C’est un film sur la guerre, mais pas un film de guerre. Une histoire qui se passe en Irak , à Bagdad plus précisément , épicentre d’un conflit qui ne dit plus son nom . On dit la guerre en Irak. Les attentats de Bagdad. Derrière les mots , l’ information est devenu courante, presque lisse , à l’image ( trompeuse ? ) des habitants de cette capitale décharnée, spectateurs d’un quotidien qui ne leur appartient plus . Une bombe a été signalée dans une rue, les démineurs s’affèrent et le quartier les observe, les épie , les attend . Sous ce tas de gravats, où est le piège ? Un sniper est-il embusqué ? Derrière ses fenêtres ouvertes, qui est l’ami, que fait l’ennemi ?
Quand Kathryn Bigelow, pose toutes ses questions , elle approche déjà une réalité que sa caméra explore avec une très grande acuité. Toujours au premier plan, au cœur même de l’action . Au plus près des soldats de cette unité de déminage, elle évacue les clichés sur le décorum guerrier et ses héros , pour ne parler que des hommes confrontés à la vérité du terrain , et aux regards des autres .
Ca pourrait être une bande de copains usinant dans la même entreprise. Sauf qu’ici c’est la mort que l’on transporte et c’est parfois la vie . Le dilemme de ces démineurs qui pour sauver tout un pâté de maisons doivent alors sacrifier un homme bardé de dynamites . Ou bien quitter les lieux du drame avant que la foule, qui les guette et les prend pour cible, ne s’en prenne à eux.
Des scènes fortes et parfois insoutenables , et pourtant à cent lieues de la violence sanguinolente et barbare de certaines productions du même genre. Mais ici le genre est transcendé, respecté. Car la réalisatrice de «Point break extrême limite » n’en rajoute jamais dans sa mise en scène qui pour seul effet prend simplement le temps nécessaire à l’action . « Elle écrit avec sa caméra » dit très justement Jeremy Renner, le rôle titre , très en phase avec sa réalisatrice.
Je pense à la scène de déminage de « No Man’s Land » de Danis Tanovic, ( très grand film ) d’une incroyable intensité . Elle dure le temps nécessaire pour que l’action puisse aller jusqu’au bout de sa vérité. « Démineurs » est du même acabit, à la puissance mille. La tension est palpable à chaque seconde, même quand le soldat joue au foot avec un gamin qui lui vend des dvd pourris.
Jamais démonstratif, ce film s’interprète de l’intérieur , impliquant totalement le spectateur dans cette escarmouche au milieu du désert, accompagnant le soldat qui s’aventure dans une ruelle de Bagdad où les ombres surgissent sans bruit . Ami ou ennemi ? On parlera peut-être de psychologie alors qu’il est question d’humanité avant tout , de soldats qui redeviennent des hommes en proie à leurs incertitudes, leurs doutes et à la vie qu’ils laissent derrière eux.
C’est raconté intelligemment , à l’image d’un making of qui pose clairement les enjeux du film. « L’objectif est de parvenir à dépeindre le chaos de la guerre, la confusion pris dans le chaos et l’anarchie du pays » explique Kathryn Bigelow. « Aller au devant de la bombe, quand tout le monde recule de cent mètres c’est une marche épique ». A l’image de son film qui mérite effectivement de rafler tous les prix qu’on lui propose.
DVD 19,99€ et Blu Ray 24,99€