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James Murphy est l'une des têtes pensantes du label DFA (Death From Above) qui a réhabilité le son new yorkais dans l'univers du rock, The Rapture, et de la dance music, LCD Soundsystem. Avec ce dernier projet et suite à trois singles remarqués ("Losing My Edge", "Yeah", "Give It Up"), James livre un album qui dévoile l'ouverture d'esprit du compositeur, producteur et ancien punk qui a revendu sa guitare pour s'acheter des platines.
Dans un premier temps, peux-tu nous résumer ton parcours musical et l'itinéraire personnel qui en découle ?
James Murphy : Je viens d'une petite ville banale du New Jersey, Princeton Junction, sans véritable charme, c'est peut-être ce qui explique qu'à l'âge de 15/16 ans, je me suis mis à boire (rires). Et puis, avec des potes, on s'amusait à faire des courses de camions alors que c'était complètement interdit. En1989, mes parents ont voulu que j'aille étudier à New York. Je suis donc allé m'installer là-bas et, immédiatement, la ville m'est devenue familière. À cette période, j'aspirais seulement à devenir un bon professeur d'anglais. Puis, une fois mes études terminées, j'ai rejoint des formations indie-rock-punk, Pony, Speedking, comme batteur avant de devenir guitariste. Nous jouions une musique très influencée par les Pixies, Pavement… mais aucun de ces groupes n'avait vraiment d'envergure.
Malgré cela, le punk rock a toujours été quelque chose d'optimiste à tes yeux ?
J.M. : Oui, c'est vrai surtout lorsque j'étais jeune car cela m'a permis de sortir de mon trou, de rencontrer des gens, de me faire de nouveaux amis… Mais, aujourd'hui, je suis encore un peu plus optimiste que lorsque j'étais plus jeune (rires). Enfin, en tout cas, pas de la même manière. J'ai plus d'expérience ce qui me permet d'envisager les choses sous un autre angle.
Comment s'est passée la rencontre avec le producteur Tim Goldsworthy qui a permis de donner naissance à DFA ?
J.M. : J'ai rencontré Tim lors de la réalisation du troisième album de David Holmes, "Bow Down To The Exit Sign". Je ne connaissais aucun des disques que Tim avait sortis auparavant sur Mo'Wax. J'étais plutôt branché punk rock à ce moment-là et la dance music ne faisait pas encore partie de mon monde. Tim et David sont venus dans mon studio pour enregistrer cet album et nous sommes devenus des amis. Nous avions une passion commune pour les Ramones puis j'ai découvert que Tim était dix fois plus ouvert que n'importe quel musicien punk. On pouvait vraiment échanger des idées, discuter pendant des heures du travail de Can, par exemple. C'était génial !
Peux-tu nous en dire plus sur ton projet LCD Soundsystem et la façon dont il est perçu à New York ?
J.M. : C'est vraiment quelque chose de sérieux qui a vraiment occupé ma vie au cours de ces dernières années. Mais, en même temps, c'est comme un jeu pour moi de réaliser un maxi et de voir comment les gens vont le recevoir, ce que cela va provoquer chez eux. C'est ce qui s'est passé avec "Loosing My Edge". Je n'en attendais rien de particulier. Le maxi a excité beaucoup de monde en Europe mais, ici, à New York, il n'a intéressé personne. Ma vraie vie, c'est plutôt Tim qui me dit ce qu'il faut produire pour le label, ma femme qui trouve que je dors trop…
Comment entrevois-tu ton rôle de leader au sein de LCD ?
J.M. : Je ne suis pas très charismatique donc je n'ai pas l'ambition de changer le monde avec ma musique… Sur scène, j'essaye d'être moi-même. Quand je vois des groupes qui posent, je trouve ça vraiment déprimant. Je préfère avoir des musiciens qui mettent toute leur énergie dans leur jeu, qui puissent être présents émotionnellement sur scène. Si on y arrive, on nous serons meilleurs que d'autres…
LCD Soundsystem (DFA/EMI)
Sortie le 20 janvier 2005
www.lcdsoundsystem.com
www.dfarecords.com