Publié le 14. fév, 2010 par Pierre Garrat dans Les éditoriaux
Les instances du PCF de Charente-Maritime ont pris la décision, pour le moins surprenante, de ne prendre part ni à la liste du Front de Gauche, ni à la liste de Ségolène Royal. Mais voilà, la liste du Front de Gauche, présentée ce week-end, est composée d’élus communiste dans le département.
Rien n’est simple à gauche et encore moins à la gauche de la gauche. Après la défection, fin janvier, du NPA et des Alternatifs, cette semaine, c’est carrément une fédération du Parti Communiste, celle de la Charente-Maritime, qui a décidé de se retirer. En apprenant cela, on pouvait se demander comment Gisèle Jean pourrait bien composer sa liste de Front de Gauche. Le PCF 17 représente en effet, à lui seul, la majorité des militants communistes de la région et le Parti de Gauche n’est pas encore une grande force militante. Pourtant, cette fin de semaine, mouvements composants le Front de Gauche ont bien présenté leurs listes, y compris en Charente-Maritime. Comme si le retrait du PCF 17 avait facilité les choses. Dans le détail, la surprise, de taille, est de trouver des communistes sur la listes, et pas des moindres, des élus municipaux rochelais notamment.
La politique du pire.
Revenons d’abord sur la décision des instances fédérales communistes de ne participer à aucune liste. A vrai dire, ce n’est pas une grande surprise. On sait depuis plusieurs mois que la fédération de Charente-Maritime penchait nettement pour l’alliance avec Ségolène Royal au premier tour. Lors du vote des délégués, ils avaient voté pour cette option et avaient fait pencher la balance régionale en ce sens. Mais le vote des militant, décisif, à donné le résultat inverse quelques jours plus tard. Cela dit, les militants charentais-maritime sont très largement restés fidèles à leurs représentants dans les instances. Depuis le début des négociations avec les autres hypothétiques partenaires du Front de Gauche, la fédération a visiblement toujours eu du mal. D’après le NPA, elle n’aurait même participé à aucune des grandes réunions. Ceux là ont d’ailleurs mis cette raison parmi celles qui les ont poussées à constituer une liste autonome. En fait, le principal problème était celui de la tactique pour le second tour. Au NPA, on voulait se maintenir coute que coute alors qu’au PCF 17 on voulait fusionner ou, au pire, ne pas se maintenir même si la liste avait fait 10 % au premier tour, pour ne pas favoriser la victoire de la droite. Une fois les militants du parti d’Olivier Besancenot et des Alternatifs partis, les choses ne se sont pas améliorées et les rumeurs annonçant les communistes sur la liste Royal dès le premier tour ont même redoublées.
La non-participation au Front de Gauche est motivée par l’attitude du Parti de Gauche, prêt à jouée la « politique du pire » en n’ayant que faire d’une éventuelle défaite de la présidente sortante et de la gauche avec elle. Cela dit, ils n’iront donc pas non plus sur la liste Royal à cause de la présence de membres du MoDem, même prochainement exclus. Ils n’appellent à voter pour aucune liste au premier tour…façon implicite de dire que l’on appellera à voter pour la liste PS-PRG, certainement fusionnée avec Europe Ecologie, au second tour. Jusque là, c’est lisible. Ça l’est beaucoup moins quand le PCF 17 précise qu’il pourrait bien y avoir des candidats issue du parti mais à titre individuel. Cela pose un vrai problème de crédibilité. Mais la situation devient complètement illisible, et pour tout dire, ridicule, avec la participation de communistes sur la liste du Front de Gauche en Charente-Maritime.
Pas une première.
Cette présence de candidats comme Jean-Louis Rolland ou Marianne Bruller, conseillers municipaux PCF de La Rochelle est un véritable camouflet pour les dirigeants du PCF 17, notamment Brahim Jlalji, secrétaire fédéral depuis peu, lui-même adjoint au maire de La Rochelle. Pour tout dire, les instances fédérales sont complètements ridiculisés par ce véritable désaveu. Certes, on l’à dit, lors du vote militant, la base à suivie ses représentants en Charente-Maritime sur le choix de l’alliance avec Ségolène Royal dès le premier tour, mais il semble bien qu’on leur reproche aujourd’hui de ne pas avoir déposé les armes après leur défaite et le choix régional de la stratégie du Front de Gauche. Fin 2007, déjà, le PCF local avait connu de grandes difficultés dans la composition du groupe des candidats communistes destiné à composer la liste de l’union de la gauche rochelaise pour la municipale de mars 2008. Brahim Jlalji était déjà dans les rôles principaux, comme chef de la section rochelaise. Cela avait considérablement affaibli le parti et cette année, les choses ne semblent pas s’améliorer avec une grave fracture au sein du parti, non seulement entre la fédération maritime et les autres, mais au sein même du département.