C'est bô, le lobbying ! Ça permet même de débloquer des fonds et de gagner de l'argent public : le gouvernement australien s'est en effet engagé à protéger le secteur du livre de la « menace émergente et mondiale » qu’est l'achat de livres numériques en ligne et de presse.
Le ministre de l'innovation, Kim Carr, à qui l'on doit cette véritable farandole de bêtises a également annoncé la création d'un Book Industry Strategy Group, lors du colloque qui se déroulait hier à Melbourne. Cela dit, ce groupe de réflexion n'a pas pour vocation de trouver d'autres mécanismes de protection, mais « d'augmenter l'innovation dans cette industrie et d'investir dans son propre futur ».
Pour protéger l'industrie, le second rempart sera financier : 1,5 milliard $ AU sera débloqué.
Selon Carr, le livre imprimé est sur le point de devenir un outil d'accès parmi d'autres pour les lecteurs, à la connaissance. « Vous ne pouvez pas construire un avenir sur la nostalgie. Que cela nous plaise ou non, la technologie évolue. Si nous voulons que l'industrie du livre en Australie survive, nous devons évoluer avec elle. »
Pour mémoire, Carr, l'an passé, faisant partie de ces opposants aux modifications de l'actuelle loi sur la restriction d'importation de livres en Australie, une législation qui permet un autre protectionnisme des éditeurs - et accessoirement des auteurs locaux.
Présents pour l'occasion, deux éditeurs anglais ont pris la parole pour assurer un témoignage. Pour l'un, sorti de Bloomsbury Publishing, même en Angleterre les éditeurs ne se bougent pas assez rapidement - que dirait-on en France ? Pour l'autre, Stephen Page de Faber, il faut que les éditeurs australiens investissent dans la numérisation, afin de se prémunir contre le piratage.
Carr pour conclure : « Je veux voir les imprimeurs, les éditeurs, les distributeurs et les revendeurs ensemble dans une pièce, travaillant les uns avec les autres et prenant la responsabilité de donner à leur secteur quelque chose qui assure sa viabilité à venir. »