Chaque homme a un rêve bien à lui. Il passera une partie de sa vie à tenter de l'apprivoiser.Pour le dompter il devra compter sur son abnégation quotidienne, sa capacité à repousser ses limites, allonger la durée de ses efforts, jusqu'à l'épuisement parfois. Chaque jour il vivra son rêve, une fois, dix fois, cent fois jusqu'à se persuader qu'ils ne font qu'un. Il deviendra avec le temps son meilleur compagnon. Celui qui dans les moments douloureux sera toujours présent sans juger, sans parler, sans trahir… Un compagnon de l'ombre qui ne vivra, pourtant, que pour connaître la sensation du grand jour .
Ce sentiment fragile dans lequel nous mettons tant d'espoir ou de fantasmes c'est selon, a aussi besoin des autres pour s'épanouir. Et c'est là que les choses se gâtent….souvent.
Tenrence Henbury White, auteur anglais, avait coutume de dire "Peut être donnons-nous tous le meilleur de nous même à ceux qui, de leur coté, ne nous accordent que rarement une pensée."
Après tant d'années passées à tenter d'apercevoir une éclaircie dans la grisaille quotidienne pour qu'enfin puisse s'échapper le rêve d'une vie, il ouvrira machinalement sa boite aux lettres. Ce sera un samedi. Il y trouvera une missive de son patron, celui de la grande usine sans couleur, celui pour lequel il a travaillé trente ans. Cette missive dira, "Ne revenez pas Lundi, votre usine sans couleurs va fermer ses portes. Vous n'êtes pas assez rentable, trop vieux à 40 ans, vieillard à 45, impotent et sénile à 50 ans. Nous préférons exporter le rêve de rentabilité de nos actionnaires dans un pays lointain".
Notre homme restera debout, pétrifié. Il aura pourtant senti quelques instants, ouvrant sa missive, son coeur s'emballer, ses yeux s'humidifier , imaginant une augmentation, une promotion, une lettre de remerciement. Un geste qui lui donnerait suffisamment de fierté pour avoir la force de laisser échapper son rêve….
Dès cet instant je ne sais pas quel sentiment dominera son coeur ? La douleur d'avoir été TRAHI au bout du compte ? Ou la bêtise d'avoir pu croire l'espace de quelques secondes que le chef de la grande usine sans couleur ait pu lui dire MERCI ?
Ils seront 212 rêveurs à recevoir la même lettre ce samedi*là.
212 rêveurs qui ont un rêve bien à eux.
212 hommes et femmes trahis, méprisés au nom d'un rentabilité à court terme. C'est comme si tout d'un coup les penseurs de la grande usine sans couleurs se persuadaient qu'ils pouvaient exister deux mondes. Un qui fabriquerai à bon compte des produits qu'il ne pourra jamais s'offrir et l'autre, intoxiqué, qui s'endetterai avec frénésie pour se les offrir! Théorie piquée à la " bibliothèque rose" : ce serait oublier que sans travail, difficile de consommer…Bande de cons
Bon prince et aussi parce que la loi l'oblige, et oui tout ça est parfaitement légal, les penseurs de la grande usine feront une offre de reclassement aux 212 rêveurs.
"Chers rêveurs et rêveuses, vous avez été de fidèles et loyaux sujets, nous, penseurs de la grande usine sans couleur, ambassadeurs de la voyoucratie industrielle, héritiers sans mémoire de cinquante ans de catastrophes sociales, nous vous offrons un voyage sans retour vers un nouveau contrat de travail.452€ de salaire et un CDrom pour apprendre le hongrois en 3 jours, elle est pas belle la vie ? Allons haut les coeurs, réjouissez-vous chers rêveurs et rêveuses, saisissez l'occasion de fuir le chômage qui vous guette…"
Notre homme plutôt que de s'effondrer sur le canapé, se dirigera vers la cuisine, posera sa main lourde sur la porte du frigo. Bien sûr qu'il sera tenté de l'ouvrir pour attraper un pack de "Kro", et le descendre seul, les yeux dans le vague! Il choisira une autre option. Il se saisira de sa magnette préférée celle qui porte les couleurs sang et or du FC Lens et d'un geste décidé, plaquera pour l'éternité la missive sur la porte métallique. Dans un éclat de rire, il sentira un souffle d'énergie lui réchauffer le coeur, sans contrôler son geste, il ouvrira enfin la porte à son rêve…" Mais ou tu vas René ? je vais à la banque, c'est décidé je me mets à mon compte! Ben René…..attends-moi, je viens avec toi….
Je vous laisse avec cette pensée qui frappe fort d'Ayn Rand (auteur et poète américaine contemporaine), tirée du poème le frisson D'Atlas "Ne laisse pas ta flamme s'éteindre
étincelle après étincelle
dans les eaux putrides du presque, du pas encore ou du pas du tout.
Ne laisse pas périr ce héros qui habite ton âme dans les reflets frustrés d'une vie que tu aurais mérité mais que tu n'as jamais pu atteindre.
Tu peux gagner ce monde que tu désires tant.
Il existe,
il est bien réel,
il t'appartient.
Tout est possible…"
Heureux de contribuer à votre SUCCÈS
Le Motivateur
*Samedi 13 Février, les 212 salariés de l'usine Philips de Dreux ont reçu une lettre disant que l'Usine avait fermé ses portes définitivement la veille. La production sera délocalisée dès le lundi suivant en Hongrie. Chaque salarié a reçu une proposition de reclassement: Un nouveau contrat à durée indéterminée avec 452€ de salaire mensuel mais à condition de parler Hongrois bien sûr "Foutage de gueule quand tu nous tiens"