Les lecteurs de BeniNews ne sont pas des enfants mais ils ont envie d'être heureux. En quoi ce "ramadan des chrétiens", comme certains médias le définissent, peut-il les y aider?
Dans l'imaginaire collectif, le Carême... ce n'est rien. Tout le monde l'a oublié. Sauf quelques irréductibles et convaincus gaulois bizarres et, nouveauté, quelques amateurs de sensations fortes.
Sensations fortes, car notre vision du Carême reste liée au jeûne. Et que le jeûne, c'est branché, comme nous le rappelle le Parisien.
Mais revenons aux bases que le Parisien (via une dépêche AFP...) a légèrement oubliées.
Les obligations du Carême :
l'Église catholique, depuis 1949, limite le jeûne du Carême à deux jours : le Mercredi des Cendres (1er jour du Carême) et le Vendredi Saint (jour de la mort de Jésus qui précède Pâques). En plus de ces jeûnes complets, l'Église impose l'abstinence de viande tous les vendredis du Carême. C'est qu'on appelle des "jours maigres", à l'inverse des jours gras (nous fêtons mardi gras ce soir qui fêtait autrefois le dernier jour de viande).
Il est donc faux de dire comme le Parisien/AFP que l'Eglise demande seulement aux fidèles de «faire maigre» le mercredi des Cendres et le Vendredi saint. Elle demande bien un jeûne.
La signification du Carême :
Le Carême rappelle à la fois les 40 jours et 40 nuits du jeûne de Moïse avant la remise des Tables de la Loi, et les 40 jours de la Tentation du Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique.
Pendant 40 jours, nous sommes donc appelés à
jeûner, à faire un effort, à penser à ces "autres" qui souffrent. En
suivant l'exemple de Jésus dans le désert, nous devons résister aux trois
tentations que Satan lui a fait subir : la faim ("si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain"), la gloire ("je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes") et le miracle ("si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas").
Et nous dans tout ça?
BeniNews ne voit pas le Carême comme une purification du corps, comme une paix intérieure, comme un éloignement du bruit.
Le Carême est, nous semble-t'il, tout le contraire d'un jeûne écolo. C'est une sensation de manque qui ouvre sur l'Autre; un temps de réflexion intérieure qui expurge les égoïsmes; une conversion qui conduit à l'amour.
Alors cela peut nous paraître ésotérique.
Certaines religions norment un jeûne de 40 jours entre le lever et le coucher du soleil qui est une finalité en soi. C'est plus simple à comprendre mais so what?
Le Carême, quant à lui, pousse à découvrir sa vraie finalité : la conversion des coeurs. Faire que je sorte changé des 40 prochains jours. Pas uniquement changé physiquement parce que j'aurai purifié mon corps, mais changé au fond de moi. Véritablement.
Avec le Carême, le chrétien change tous les ans. Et bien qu'au cours de l'année, il connaisse des hauts et des bas, chaque Carême doit former une ligne ascendante.
Autour de nous, le monde va comme il va. Parfois bien et souvent mal. Il y a l'Iran qui nous terrifie et Haïti qui nous horrifie. Il y a des plans sociaux et des bonus. Il y a des réseaux sociaux et des adolescentes criminellement asociales.
Mais il y a aussi nous. Nous qui avons faim de tout un tas de choses inutiles et oublions un peu l'essentiel. Nous qui avons soif de gloire et rêvons d'être des "people" ou de gagner ces bonus que nous critiquons. Nous qui espérons un miracle et devenons écologistes quand nous commençons à avoir peur que notre monde s'écroule.
Finalement, le Carême, c'est juste (et c'est énorme) se priver, prier et espérer en ayant bien en tête cette chanson : don't worry be happy... Dieu existe.