Film singapourien de Ho Tzu Nyen, Here (2009) fut présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2009.
He Zhiyuan est interné dans l’asile psychiatrique de Island Hospital après la mort de sa femme. Il participe avec d’autre à une nouvelle thérapie qui est une cure par la vidéo. Parallèlement, une équipe réalise un documentaire sur Island Hospital…
Here est un drôle d’objet cinématographique. Drôle d’objet parce que ce film de Ho Tzu Nyen pourrait s’apparenter à un documentaire dit « d’auteur » dans cette façon que le cinéaste a de mettre en scène son œuvre. Ce film se veut troublant par son aspect aseptisé à l’extrême, clinique où les patients semblent être des zombies inertes. Disons-le, Here aux premiers abords est difficile d’approche mais au fur et à mesure que le film avance, on parvient à s’imprégner de son univers. Ce film est à la fois envoûtant, fascinant, lancinant, énigmatique par certains aspects, voire ennuyeux et rebutant si l’on ne parvient justement pas à s’immerger. D’une certaine manière, il ferait partie de ces films à labelliser dans le « tout ou rien ». Et même si l’on apprécie la démarche de l’auteur et que l’on comprend le chemin sur lequel il tend à nous emmener, Here n’en reste pas moins un film où le verbe « aimer » n’aurait pas vraiment sa place. Difficile d’aimer Here puisqu’aucune émotion n’est réellement suscitée. L’auteur impose une neutralité et une distance en accord avec son sujet et l’espace dans lequel il pose sa caméra, et fait donc de son long métrage une fenêtre ouverte sur un milieu médical, dépourvu de sentiments.
On peut être interpellé et captivé par l’objet qu’il représente mais on ne peut dire d’un tel film qu’on l’aime. Le genre de film à voir tout les dix ans pour une mise en scène qui s’avère intéressante, une musique judicieusement employée surtout pour son travail sur l’ambiance sonore. Un travail surprenant, acharné. Des sons, des ambiances qui participent à l’immersion (si on donne la chance au film) dans ce monde à part entière. C’est cet aspect là qui frappe le plus. Nous sommes comme hypnotisé par cette ambiance sonore qui parvient à nous plonger dans le cadre de la caméra. On parvient grâce à elle à être frappé du même état de catalepsie que ces patients suivis dans les murs de cette clinique, ces metteurs en scène de leur propre drame. Here est véritablement une œuvre envoûtante, fascinante, lancinante, énigmatique voir ennuyeuse et rebutante. Une œuvre « autre ».
I.D.