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Attendu au tournant par les fans de la série culte des années 1960, Le Prisonnier nouvelle version était diffusé hier soir sur Canal +. Premiers épisodes, premières interrogations.
Mais qu'est-ce qui a pu motiver la chaîne de plus en plus estimée AMC de faire un remake du Prisonnier? La question du remake en elle-même ne se pose plus à une époque où l'on recycle allègrement les succès passés de Beverly Hills à Melrose Place en passant par K-2000 avec plus ou moins de succès (moins que plus d'ailleurs). L'élément mystérieux réside dans la série choisie: Le Prisonnier. Cette série des années soixante, qui n'a duré que 17 épisodes, est une oeuvre qui a fédéré au fil des décennies une base de fans fidèles malgré l'opacité de son propos, pénible à décoder. Pour les non-initiés, Le Prisonnier montre le réveil d'un homme perdu au milieu de nulle part qui se retrouve bientôt dans un Village totalitaire, style club de vacances étouffant de bonnes intentions et d'où l'on ne peut fuir, dans lequel les habitants n'ont pas nom pas des numéros. D'ailleurs, la réplique culte: "Je ne suis pas un numéro, je suis un homme!" est lâchée dès le premier épisode. La série va en outre montrer le parcours de ce protagoniste, Numéro 6, bien décidé à s'échapper de cette machination, de ce microcosme rose bonbon et souriant dirigé par l'implacable et froid N°2.
En adaptant la série aux années 2000, le réalisateur Nick Curran réactualise le propos originel (théories du complot, menaces terroristes, uniformisation communiste, totalitarisme...) en y injectant une bose dose de trauma post-9/11. Ainsi, au-delà de dunes de sable à perte de vue se dresse le spectre translucide des Twin Towers que Numéro 6 va chercher à rejoindre désespérement. Il y arrive mais se fait ensuite absorber par une énorme boule blanche sortie de nulle part (!). Les éléments troubles s'enchaînent (très) lentement et les interrogations et frondes de Numéro 6 sont faites dans le vent. De fait, la série devient assez pénible à suivre, tant on aimerait déjà avoir des réponses. Bien sûr quelques moments valent le coup d'oeil comme l'explosion du café pour mater l'esquisse d'une mutinerie ou bien lorsque d'autres habitants se souviennent de leur "vie antérieure", comprenez lorsqu'ils étaient hors de cette matrice, qu'ils cherchent à retrouver à tout prix. De ces deux premiers épisodes, on ne trouve pas grand chose à sauver. L'atmosphère et l'image de la série rappelle seulement à quel point LOST, trépidante à côté de ce mélo pompeux, s'est inspirée du Prisonnier premier du nom. Mais, à part jouer aux jeu des différences avec l'original, il est difficile de trouver un autre intérêt tant il est humainement impossible de saisir les enjeux de la narration et la rhétorique de la série, bien trop hermétique à toute tentative d'interprétation. Il faudrait faire l'effort de regarder les prochains épisodes... Mais quand on regarde une série, c'est avec passion et envie. Alors, comme diraient les habitants du Village: bonjour chez vous !
Le Prisonnier
Tous les lundis sur Canal +