Toute la City avait tremblé, cet été, après la publication par Morgan Stanley du rapport d'un de ses jeunes stagiaires, Matthew Robson, 15 ans et 7 mois, sur la manière dont les jeunes consomment les médias. Une de ses trouvailles édifiantes - les adolescents n'utilisent pas Twitter - avait fait douter les plus sérieux financiers de la pertinence de ce service.
Profitant à mon tour d'avoir un stagiaire de 15 ans et des poussières au service Médias du Figaro, je lui ai proposé de nous détailler une même note sur ses habitudes et celles de ses amis. A noter que sa première intuition était de parler uniquement des médias comme outils d'information : la musique sur Deezer n'est pas du média et le jeu vidéo n'est certainement pas un produit culturel, à ses yeux.
Voilà l'analyse de Louis, 15 ans, stagiaire au Figaro :
Comment les adolescents consomment l'information des médias ?
Les adolescents consomment l'information des médias par environ 4 moyens. Certains sont quasiment inexistants alors que d'autres sont utilisés en permanence.
La radio :
Les adolescents écoutent la radio le matin lors de leur réveil pour, soit, écouter de la musique, la météo et les titres principaux du jour ou, soit, écouter un animateur hystérique faire son show, la météo et les titre principaux du jour mais pas à chaque fois. Mais aussi le soir pendant les listes de musique voté par les auditeurs comme la Fun liste sur Fun radio. Un grand nombre écoute le soir les « libres antennes » proposé notamment par Fun radio ou Skyrock. C'est cependant un média peu utilisé par les jeunes.
La télévision :
La télévision est un média qui intéresse les jeunes car c'est de l'information vivante grâce à l'image. Les jeunes l'utilisent plus cependant pour regarder des films, des séries, des jeux télévisés, des reality shows... que pour s'informer. C'est la « faute » des programmes télé de plus en plus complet avec des films récents et des émissions toujours plus « drôles ». Ce média intéresse les jeunes malgré le problème des programmations plus « fun ».
Les journaux :
Les adolescents ne lisent pas les journaux ou bien très peu. C'est un média pas assez vivant et qui demande du temps mais surtout de l'attention. Certains jeunes cependant feuillettent le journal hebdomadaire des parents. Le terme « lire » avec les adolescents on le retrouve plus dans les magazines de passion comme Voile et voilier, l'Equipe ou Aptitude rugby...
Les grands journaux tels que le Figaro, le Monde ou les Echos sont l'un des média les moins lu par les jeunes ce qui provoque un manque de culture général.
Internet :
Les adolescents vont beaucoup sur internet. Entre Facebook, Deezer, Youtube, allostreaming... Ils n'ont pas le temps de s'ennuyer. L'information c'est du coup introduit dans ce réseau sous forme de site souvent ayant le même nom que les journaux ; le Figaro.fr ou encore le Monde.fr. C'est un média très utilisé car sur tout le portail internet par exemple le portail Orange il y a des informations sous forme de brèves donc rapide à lire. Mais ils vont surtout dans des sites spécialisé par exemple Eurosport qui propose les résultats en directe de tout les sports. Mais les média ont du souci à se faire avec le géant Facebook où les jeunes passent énormément de temps.
Divertissement et communication faisant partie du vaste univers des médias numériques, j'ai soumis quelques services à sa question :
Twitter : "on connait mais on ne s'en sert pas. Des frères et soeurs plus âgés (20-25 ans) l'ont essayé, mais depuis que Facebook a explosé, c'est fini"
Skyblog : "c'est fini. En 6ème je m'en servais, mais il n'y a pas eu de nouveautés et ça manquait un peu de jeunesse"
Wikipedia : "c'est top pour les cours, les exposés, mais c'est pas suffisant. Ca permet de se renseigner aussi sur qui est quoi, en dehors des besoins de l'école."
MySpace : "je connais pas bien."
Foursquare : "ça me dit rien, je connais pas" -Une fois le concept expliqué : "c'est super intéressant. Je pourrai l'utiliser mais faudrait synchroniser le concept du GPS avec mes amis Facebook, dans un périmètre abordable"
Est-ce que les pure players de l'info remplacent la presse ? "Rue 89, c'est quoi ? je connais pas."
Inconnus aussi au bataillon : Spotify et Goom Radio.
Ont été balayés par Facebook : Habbo, Skyblog, MSN.
Sont superbement ignorés : Picasa, iGoogle
Pour le mobile : "nous avons notre portable en permance sur nous. Même en cours à l'école nous avons des SMS. Les portables ne servent plus qu'à téléphoner, c'est devenu un accessoire de mode indispensable, permettant avec les applications de lire, de mailer, de jouer (Rocket Bird), photographier, regarder l'heure... Même si moi j'ai un téléphone normal, mes amis ont tous plutôt iPhone ou Blackberry"
Mon analyse : ces adolescents décrits par Louis n'ont (contrairement à ce qu'assurait la note de Morgan Stanley) pas spécialement envie de "traquer les contenus à travers une multitude de supports et terminaux" mais cherchent au contraire la facilité. Facebook, qui permet de communiquer entre soi et partager des contenus depuis un seul et même lieu, a remplacé à la fois la messagerie instantanée MSN et les plateformes de publication comme Skyblog, MySpace et Picasa.
Ils n'ont pas tellement le réflexe pure player et semblent rester fidèle aux marques de presse de leurs parents (Le Monde, Le Figaro), consultés sur Internet ou à travers l'agrégation de portails comme Orange. De même, il avoue préférer se mettre devant W9 à une heure donnée pour regarder les Simpson que de les télécharger en ligne. Les portails de catch-up comme M6 Replay n'ont pas encore trouvé leur place dans un emploi du temps réglé par le rythme scolaire.
Sa dernière phrase est peut-être prémonitoire : "Les médias ont du souci à se faire avec le géant Facebook où les jeunes passent énormément de temps". Concurrent sur le temps disponible, le réseau social peut aussi challenger les diffuseurs de contenus sur le divertissement voire l'information.
(Lire l'article original de Marie-Catherine Beuth et notamment tous les commentaires qui y sont associés via Lefigaro.fr)
[voir la note de Matthew Robson]
L'exercice n'a, bien sûr, aucune valeur statistique en raison de l'absence de méthodologie, mais faisant le test auprès de mon fils âgé de 16 ans, les réponses étaient, peu ou prou, les mêmes! La seule vrai limite à la consommation des médias est le temps laissé disponible par les rythmes de vie des ados! Comme évoqué, en début d'analyse, la radio ( qu'elle soit écoutée sur le téléphone ou sur un support traditionnel) , reste en bonne place dans la consommation des ados!