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Anthologie permanente : Jean-Patrice Courtois

Par Florence Trocmé

Jean-Patrice Courtois vient de publier Les Jungles Plates aux éditions Nous. Poezibao publiera demain la note de lecture qu’Antoine Emaz a consacrée à ce livre.
  
L’actuel ne danse pas plus que le virtuel, le double, le triple, le multiplié d’office, l’onde du multiple et de son résultat accumulé, en bénéfices accumulés, incalculables. Liquidation des personnes par attentats, par chômage de masse, attaques suicides sur cerveau par cerveau interposé, décomposé et projeté, nos fêtes ne sont pas moins belles pensent-ils. Le poursuivant de rien et le survivant à tout ne seront plus slogan, marque, logo mais flux aux pieds lourds. L’enquête s’avère difficile à la recherche de la signature d’un seul geste de travail, de perception et de pensée. Neiges d’antan des gestes pensants, où sont les formes ? Sous vos yeux, à force d’existence quand même ! Neiges de maintenant ! Debout, gestes ! Debout, paroles ! Parlez-nous, existez dans le temps de maintenant ! La substance du temps coule en hémophile absolument universel. Le corps en contient et aussi eau, sang, os. Du temps, ô corps zéro, tu es une expression organique, du temps à retardement, pas de recharge, de substitution possible. Pour l’organe oui, mais pas pour le temps global des organes qui n’est pas un temps capitalistique de somme. Une ennéade à lui tout seul, une émanation pure et simple, que des traces, pas d’apparition, une pure économie politique de la coagulation des mots : le corps ou le temps se décrivent là avec netteté ou bien les deux en leur nœud. Le capital se décharge dans les cellules, le corps fait sac (et) provisions, ne bénéficie pas des économies d’échelle de la grande production et peu de gain à la marge. Un corps, un clinamen rectifiable, une fin. Où sont les gènes d’antan ?
  
De fait, toutes les phrases ne se dénouent pas toutes ensemble. Les mots eux, les décapés sensés, les sans boue, les mots mûrs, au ras de vouloir, les soubresautés finitésimaux, que dire d’eux sinon qu’ils sont en grandes rangées inondables ? Des mots inondables, des mots verts moins que ça encore, départ et partage, se diviser pour fuir et se diviser pour nager. Un mot en deux, hop un manteau en deux, c’est deux sans le vouloir et le vouloir ne vaut rien, ne va jamais droit dans la forêt, droit à l’égarement, au marécage d’ordinaire condition complètement conditionnelle elle-même. Dans les courbes – faisable, conditionné, faisable, courbé, l’égarement sifflera comme un objet laissé à la consigne. En quel lieu ne sera-t-il plus cadenas. L’eau ne ressemble pas du tout à la glace.
225
  
Jean-Patrice Courtois, « Emballages », in Dans les jungles plates, éditions Nous 201, pp. 202 et 225.
  
Bio-bibliographie de Jean-Patrice Courtois
  
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