Un de mes amis me faisait dernièrement remarquer que j’avais tendance à vouloir “tout savoir” car mes questions étaient au moins aussi fréquentes et que mes affirmations. Dès lors, je me suis questionné…
En fait, nous n’avons du monde et des autres que les représentations que nous nous sommes construites, avec tous les risques d’erreurs inhérents à toute construction égoïste. Sans aller jusqu’aux thèses de Gorgias pour lequel rien n’existait, je sais la réalité infiniment plus complexe que la plus sophistiquée des représentations, des miennes en particulier. On admet, enfin, que la science progresse par l’élaboration de modèles, qui sont simplement fonctionnels, et non par la découverte de vérités. Et, si on peut dire que l’énoncé “le ciel est généralement bleu” est vrai, c’est uniquement dans le cadre de conventions de vocabulaire et d’une grande approximation. Cette ignorance fondamentale est une des caractéristiques qui oblige un certain relativisme, à des marges de tolérances envers ce qui peut nous paraître faux, et à des questions toujours renouvelées…
Cette absence de vérités est encore plus “vraie” au plan des rapports inter-individuels dans lesquels même dans l’hypothèse d’une sincérité parfaite et d’une transparence voulue (toutes deux choses fort improbables même en le voulant), d’autres conventions sociales viennent compliquer la complexité intrinsèque de toute communication inter-personnelle: décalages des cultures personnelles, des codes et langages, hiatus des niveaux expressifs, verbaux et écrits, non-concordance éventuelle des projets sous-tendant l’interaction, d’où un certain nombre de questions pour essayer d’approcher la compréhension ce qui se passe ou dérape…
Le scepticisme se retrouve, depuis la nuit des temps, dans toute l’histoire de la philosophie, du moins chez ses grands noms. Son principal défaut, à mon avis du moins, réside en ce qu’il préconisait chez beaucoup des anciens grecs: l’ataraxie, ou paix de l’esprit, et un retrait du monde, sagesse qui ne m’intéresse pas du tout mais peut susciter quelques interrogations…
Car il faut agir, parce que ce sont nos actions qui nous fabriquent et déterminent ce que et comment nous voyons le monde et les autres. L’action engagée sacrifie irrémédiablement d’autres possibles et elle n’a de chances d’être efficace que si l’on ne se pose pas trop de questions hors, en chemin, celles relatives aux décisions à prendre pour atteindre l’objectif. Et l’action nécessite, après-coup, de comprendre ce qui s’est passé, se passe et donc risque de se passer, d’où, là encore, des questions…
C’est la raison pour laquelle j’alterne régulièrement, comme je pense la plupart d’entre nous, les séquences d’action, sans trop me poser de questions, affirmatif voire catégorique, et les périodes “prise de tête”, doutant, questionnant et me questionnant. De la même manière que nous ne pouvons (sauf rares cas de boulot totalement emmerdant) dormir et être éveillé, toutes deux fonctions indispensables pour simplement vivre, l’alternance, comme pour la démocratie, reste empiriquement, le seul moyen à peu près efficace de gérer des contradictions de ce niveau. J’en arriverai donc à me penser autant utilitariste que sceptique, bien qu’en réalité, je me questionne…
Philosophie de bistrot ? Vraisemblablement, mais cela rassure et permet de “fonctionner”, quoique cela pose aussi quelques interrogations….
Tiens, et vous, qu’en pensez-vous… ?
- TF1 et l’honnêteté de l’information. Bug Brother.
- “Retraite flexible”. Le Monde.
- Nice, mercredi 17 février, 19h, Café-débat “Là-bas si l’y suis” au Falabrak Fabrik, café associatif, 3, rue Benoît Bunico. Thème: “Pétrole, la fête est finie”.
- Et un flop de plus à l’UMP. Le Parisien.
- Désémancipation, par André Tosel. Blog d’E. Gaziello.
- Appel des appels . La mobilisation continue. Si toutes ces initiatives pouvaient converger sur le No-Sarkozy Day …