Le tigre est un animal mythique très important en Chine, il protège, maintient la justice et exorcise le mal. Sa représentation est extrêmement réaliste et certains villages se sont fait fort de devenir les artisans de son image.
J’ai toujours eu un faible pourtant pour le tigre coréen, dessiné de manière hallucinatoire dans les Minhwa, presque comme des masques chamaniques. Un très bon lien vous emmène les voir ici.
Pour rendre hommage à ses tigres asiatiques, voici un petit livre jeunesse mettant en scène l’esprit de la montagne : « Le tigre aux sourcils blancs » de Lee JIN-SUK et illustré par Baik DAE-SEONG.
J’ai tout de suite adoré la couverture. Ce tigre aux yeux globuleux, aux sourcils théâtraux et ces barbes et sourcils si sages espiègles.
Il s’agit de maitre Tigre, esprit de la montagne, âgé de quelques mille ans. Il a le don de se transformer et aussi de lire dans les âmes. D’ailleurs il croque les âmes impures jusqu’à la rencontre d’un cœur pur et alors sa façon de réagir aux dérives comportementaux des hommes devient tout autre.
J’étais interpellée, j’avais envie… et fut un peu déçue. J’aurais aimé un conte initiatique là où il n’y a qu’un début… aider les humains bons. Oui, oui, c’est facile à dire mais c’est simpliste et dans la philosophie et dans la pratique. Mais le lectorat cible demande peut-être ce simplissisme.
J’ai pourtant beaucoup d’affection pour ce livre, un conte coréen superbement mis en couleurs et illustrations (les fonds sont d’une pure beauté). J’ai aimé cette approche autoritaire du gentil tigre, esprit fort et entier, qui apprend encore la sagesse d’une enfant.
Et puis j’ai énormément aimé cette manière de visualiser les âmes impures : l’homme voleur devient un sanglier, sauvage comme lui, une femme trop rusée comme un renard etc. La comparaison entre le caractère dévalorisé de l’homme et un animal n’est pas nouvelle mais cet effet de langage permet de regarder les valeurs humaines, notre état animal/homme. Un cœur pur ne serait alors que lumière ( ?!)… un bon début pour réfléchir.
Cette dernière image me rappelle étrangement ce tableau que j’adore depuis l’enfance (la gravure était même arrivée jusque dans ma chambre) : une peinture que je croyais de De Chirico (un fauve dans le ciel où la peau et le ciel étaient intervertis).