Profitons de cette accalmie pour revenir sur 2 grandes tendances des décennies passées qui se poursuivent, modèlent le monde économique actuel et vont, en fonction de leur évolution, jouer un
rôle crucial dans cette décennie qui démarre. Les 2 sont très connues mais nous allons voir la première sous un angle un peu différent et décomposer la seconde.
1 / L'ascension des pays émergents
La progression des pays émergents, Chine au premier chef, est souvent décrite sous l'angle de la performance brute, en
terme de volume, par exemple d'achats records de matières premières ou de nombre de véhicules vendus désormais supérieur à celui aux USA, ou encore récemment, à sa toute nouvelle position de 1er
exportateur mondial devant l'Allemagne.
A cette performance qui s'énonce avant tout de manière commerciale, on y associe souvent de manière ordinaire la
notion de qualité des produits (essentiellement bas de gamme) et le problème des transferts de technologies qui rendent ce(s) pays de plus en plus autonomes dans les fabrications à terme, de
sorte qu'il est, en bout de course, assez difficile de se rendre compte de l'évolution et de la place de ce géant (sans compter les différences de pouvoir d'achat en terme de monnaie et un
système statistique chinois qui démarre)
Pour essayer d'y voir - un peu - plus clair, on peut se tourner vers la notion de valeur ajoutée et observer sa part dans
la production manufacturière mondiale (ci-dessous, estimatifs à partir de 2009 en valeur constante des prix de marché de l'an 2000) :
Source : OCDE
Selon ces données, la part de la Chine a triplé en 15 ans et se trouve sur le point d'égaler celle produite par le Japon,
seconde économie au monde qui a connu une année 2009 très difficile (La limite de cette approche est qu'il faudrait disposer d'une décomposition de la part liée aux usines
réellement chinoises et celles à capitaux étrangers, notamment américains, mais cela donne une idée assez fidèle de l'évolution de la richesse produite sur les différents
sols)
2 / L'ascension de l'endettement :
Le thème de la dette est connu désormais, rebattu, suivi à la trace au fil des mois et des semaines avec un fardeau qui dépasse aux USA celui de 1929 en pourcentage du PIB. Le détail
est moins visité.
Source : Rolfe Winkler / Capital Jungle / Reuters
Comparativement à la situation vécue alors, on retrouve une similitude : les agents privés (ménages - households-,
les entreprises financières en bleu clair et non financières - Business -) portent l'essentiel de l'endettement.
La part détenue par le secteur financier représente toutefois plus du triple de celle portée il y a 80 ans en arrière et le double pour celle détenue par les ménages
(essentiellement au titre de l'immobilier).
Enfin, souvent oublié, la montagne de dettes actuelle est la résultante d'une tendance plus longue et profonde - enracinée - contrairement aux années 20 qui était l'aboutissement d'une
folie spéculative assez courte et aigüe d'un point de vue historique dans le cas de la 1ère économie mondiale.
Les agents privés tendent à se désendetter. L'Etat, à contre-courant, est le seul à pouvoir encore gravir 'le mur de la dette'.