A l’heure où la France est en pleine campagne pour l’attribution de l’Euro 2016, qui passe par une rénovation des stades actuels, voire la construction de nouvelles enceintes, l’agence de marketing Sportfive, dirigée par l’ancien président délégué de l’OM Christophe Bouchet, a mené une étude sur ce que rapporterait au football français 20 stades neufs ou rénovés. Les chiffres sont impressionnants au moment où l’inquiétude se fait grandissante sur la place prise par les droits télés dans les ressources des clubs. En effet, selon le dernier rapport de la LFP (paru vendredi), les droits audiovisuels représentaient, en 2008/2009, 57% des recettes des clubs français de L1 (contre 34% pour les clubs européens inscrits dans les compétitions de l’UEFA). Si la LFP peut se féliciter de la bonne santé du « produit football » auprès des médias, il n’en reste pas moins que cette part majoritaire se fait au détriment des recettes de billetterie et de sponsoring, ce qui ne met pas les clubs français à l’abri, à moyen terme, d’un effondrement de ces droits télés, et, par la même occasion, d’une plongée dans un rouge « très vif » des finances des clubs de Ligue 1. Les instances du football, l’ont bien compris, elles qui encouragent les clubs à augmenter leurs recettes de « jour de match » comme disent les anglais. Et cela passe avant tout par une modernisation des stades français. Qui plus est, cette entreprise de modernisation, de rénovation et de construction sera un des éléments moteurs de la relance de l’économie, puisque, selon le rapport de la LFP, il s’agira d’un chantier de près de 2 milliards d’euros, qui génèrera 15.000 emplois durant la phase de construction, et près de 4.500 emplois directe et indirects en phase d’exploitation. A ce titre, la candidature de la France à l’organisation de l’Euro 2016 est un accélérateur pour les projets de rénovation ou de construction déjà initiés, avec la construction prévue de 4 nouvelles enceintes (Grand Stade de Lyon, Grand Stade de Lille Métropole, Nouveau Stade de Bordeaux et Grand Stade de Nice), et la rénovation majeure du Parc des Princes, du Stade Vélodrome, du Stade Félix Bollaert, du Stadium Municipal de Toulouse, du Stade Geoffroy Guichard, de la Meinau et du Stade Marcel Picot à Nancy. Quoi qu’il en soit, ces divers projets ne sont pas liés à l’obtention de l’Euro 2016, puisque de toute façons, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a promis 150 millions d’euros pour la rénovation des stades français. A charge pour les clubs de se tourner vers les partenaires institutionnels locaux pour trouver d’autres sources de financement. C’est dans ce contexte que l’agence Sportfive a fait réaliser une étude indépendante pour démontrer que, quel que soit le coût, il s’agira d’un investissement dont les clubs engagés tireront un profit substantiel. En effet, pour l’agence de marketing, une vingtaine de stades neufs ou rénovés généreraient, à terme, 183 millions de ressources supplémentaires pour les clubs.Pour étayer sa démonstration, une hypothèse basse d’un taux de remplissage de 75% a été choisie. Sur cette base, avec une capacité moyenne passant de 25.000 à 35.000 places, le surplus des recettes « au stade », outre les 78 millions d’euros de recettes fiscales et sociales qui iront à l’Etat, permettra aux clubs de rembourser, en deux saisons, les 150 millions d’euros investis par l’Etat. Malgré la simplicité de la démonstration (ces recettes supplémentaires n’inciteront-elles pas les clubs à investir d’avantage en joueurs, sans même attendre un retour sur investissements ?), cette étude met l’accent sur l’intérêt qu’ont les clubs à rénover leurs stades, ne serait-ce que pour être moins dépendants des autres grandes masses de recettes (dont les droits télés, évoqués précédemment). En prenant en compte les loges et places VIP pour les entreprises, nouvel attrait incontournable (cf. en Angleterre ou en Allemagne), l’agence Sportfive a chiffré l’augmentation des recettes pour les 20 stades rénovés ou construits, objets de son étude : 183 millions d’euros par saison (86 millions pour la billetterie, et 97 millions pour les loges et places VIP). Ainsi qu’un ratio des droits audiovisuels qui passerait de 57% à 46%, de quoi être un peu plus serein pour l’avenir…