Essai - Editions Denoël - 139 pages - 12
€
Résumé : Avez-vous peur de mourir dans votre sommeil, enseveli sous l'écroulement de votre bibliothèque ? L'accumulation
de livres ne met-elle pas en danger l'existence même de votre famille ? Classez-vous les volumes par thème, langue, auteur, date de parution, format ou selon un autre critère de vous seul connu ?
Peut-on faire voisiner sur une étagère deux auteurs irrémédiablement brouillés dans la vie ? Autant de graves questions se posant à cette espèce en voie de disparition : les bibliomanes, qui,
outre la passion de posséder les livres, ont celle de les lire.
Les bibliothèques sont des êtres vivants à l'image de notre complexité intérieure. Elles finissent par composer un labyrinthe dont pour notre plus grand, et dangereux, plaisir nous pouvons très
bien ne plus sortir.
Dans ce petit traité sur l'art de vivre avec trop de livres apparaissent, parmi nombre d'autres, Pessoa tentant de devenir bibliothécaire, Matisse postulant au poste de «contrôleur du droit des
pauvres» ou encore le capitaine Achab et le mystère de sa jambe abandonnée à Moby Dick. En fait, ces milliers de pages qui occupent nos étagères sont peuplées de fantômes bien vivants qui, une
fois rencontrés, ne nous quittent plus.
C'est un livre voyageur, qui vient de chez Marie et qui va donc pouvoir poursuivre sa route.
Mon humble avis : Un livre avec un tel titre et une
telle couverture ne pouvait que finir par arriver chez moi. Surtout que les chroniques à son sujet se sont multipliées sur la blogosphère, aiguisant à chaque fois un peu plus ma curiosité et mon
envie de le lire.
L'auteur est ce que l'on appelle un bibliomane. Il possède une bibliothèque de 10 000 livres, ce qui pourtant est peu
comparé à nombre de bibliomanes référencés dans cet essai, puisque certains collectionnent jusqu'à 300 000 ouvrages. Ce qui nous fait déculpabiliser, nous pauvres LCA (Lecteur compulsif
anonymes), drogués aux livres et à la frénésie de leur achat que nous sommes sur la blogosphère littéraire. En effet, mes livres tiennent encore sur deux étagères (certes, empilés dans tous les
sens, pas un espace de perdu), donc mon cas n'est pas si grave que cela, même si, comme le remarque l'auteur, il est limité par la petite superficie de mon lieu de vie.
Jacques Bonnet décortique la vie de ces lecteurs obsédés par leurs objets de culte. Cette analyse est très juste, souvent drôle et rassurante. Oui je suis normale, non je ne suis pas seule à
toucher mes livres, à les garder (même si, sacrilège, un déménagement dans les DOM m'a obligé il y a 3 ans à en vendre une partie, celle à laquelle j'étais la moins attachée évidemment.). Pendant
toute cette partie, je me suis régalée, sincèrement. Si ce livre m'avait appartenu, j'aurais mis des petits croix un peu partout dans les marges. Et puis l'auteur se mets à évoquer les
bibliomanes célèbres et pour la plupart illustrement inconnus de mon humble personne. Et là, cela devient un véritable listing, barbant, inutile et même rébarbatif à souhait. Je me suis mise à
survoler, à lire en diagonale, à compter le nombre de pages qui me restait à lire, bref, à m'ennuyer ferme. Dommage, ce livre aurait pu être un véritable bijoux à posséder incontournablement dans
sa bibliothèque. Il en reste une lecture qui fut d'abord divertissante, puis bien trop érudite pour me plaire. Et puis de bonnes phrases tout de même.
'S'instaurent alors des rapports étranges entre le bibliomane et ses milliers de livres. Les mêmes rapports qu'entre le jardinier et la plante grimpante envahissante: la plante se développe d'elle-même, d'une manière invisible à l'oeil nu mais avec un progrès néanmoins constatable au bout de quelques semaines; l'homme, à moins de la couper, ne pouvant qu'indiquer la direction qu'il souhaite lui voir prendre. Ainsi, les bibliothèques deviennent des êtres vivants".
Moi, mon classement, c'est le format et où il y a de la place. Il y a aussi les anciens poches, plus petits, les livres
brochés et enfin, les polars et thrillers, les livres liés au voyage (récits ou romans).
« Là où le collectionneur s’inquiète jusqu’à l’obsession des livres qu’il n’a pas encore, le lecteur enragé s’inquiète de ne plus avoir les livres, traces de son
passé ou espoirs de son futur, qu’il a lus et qu’il relira peut-être un jour. »
« « En vérité une bibliothèque, quelle que soit sa taille, n’a pas besoin pour être utile qu’on l’ait lue entièrement ; chaque lecteur profite d’un juste
équilibre entre savoir et ignorance, souvenir et oubli », Alberto Manguel. »
L'avis de Keisha , de Leiloona, Moka, et de Marie,
« Georges Perec a jadis courageusement tenté d’énumérer les classements possibles de bibliothèques :
Alphabétique
Par continents ou pays
Par couleurs
Par date d’acquisition
Par date de parution
Par formats
Par genres
Par grandes périodes littéraires
Par langues
Par priorité de lecture
Par reliures
Par séries
Mais Perec était conscient qu’aucun
de ces classements n’est satisfaisant à lui tout seul et que dans la pratique, toute bibliothèque s’ordonne à partir d’une combinaison de ces
classements. »