Un événement considérable s’est produit au mois de janvier dernier dans l’indifférence générale !
Des personnalités de la région nord-est
de l’Inde ont déposé une requête visant à mettre en place un fuseau horaire spécifique pour les neuf Etats que compte cette région.
Pour ces personnalités, le fuseau horaire unique imposé en 1947 est « responsable de l’aliénation des déséquilibres biologiques et de gaspillage d’énergie. » Celui qui mène ce combat
est Jahnu Barua, un producteur de film très connu. Pour lui, dans ce système, les gens de l’ouest profite plus de la journée que ceux de l’est et c’est cela qui explique la différence de
productivité et donc de niveau économique entre l’ouest et l’est.
Lorsque les habitants de l’Assam se lèvent, le soleil est déjà levé depuis longtemps et ils ne peuvent profiter autant de leur matinée que les habitants de Bombay. Un journaliste a fait remarquer qu’il serait plus simple et plus avisé de modifier les horaires de travail en les faisant commencer à 9h plutôt qu’à 10h. Un autre journaliste a fait sagement observer que la gestion de plusieurs fuseaux horaires pourrait s’avérer catastrophique !
De fait, l’Inde qui, d’est en ouest, compte 5 heures et demi de décalage, n’a qu’un seul fuseau horaire. Et c’est aussi le cas de la Chine. A l’inverse la Fédération de Russie compte 11 fuseaux horaires !
L’histoire du fuseau horaire indien est en fait pleine de rebondissements ! Le concept d’Indian Standard Time (IST) date de 1905, année où il fut adopté. Le point central étant Mirzapur, une ville de l’Uttar Pradesh. Lors de l'Indépendance de 1947, l'IST fut imposé comme heure légale en Inde. Mais Calcutta conserva une zone horaire différente jusqu’en 1948.
Durant la guerre sino-indienne de 1962 et aussi pendant la guerre indo-pakistanaise de 1965, le gouvernement créa différentes zones horaires pour faire des économies d’énergie. Dans les années 1980 une commission se pencha sur le sujet et proposa un système de deux fuseaux horaires, mais cela revenait au système colonial britannique et la proposition fut rejetée. En 2004, le Ministère des Sciences et Technologies nomma une commission ad-hoc sur le même sujet qui conclut que le fuseau horaire en vigueur était établi en fonction d’un point central et que le pays n’était pas aussi large et donc qu’il valait mieux ne rien changer.
Mais un juriste rappela qu’il existait un droit du travail pour les plantations (Plantations Labour Act 1951) qui permettait à l’Etat central et aux Etats (sauf le Jammu & Kashmir, mais on ne sait pas pourquoi) de modifier l’heure légale si besoin était. Les plantations de thé de l’Assam adoptèrent donc une heure légale différente, en avance d’une heure par rapport à l’IST. Une nouvelle définition du tea time !
Bon, mais cette réforme ne semble pas pour demain ; it will take some time !