Il y a quelque chose qui me frappe quand je lis et j'écoute la presse : partout on dénonce le vil koulak spéculateur, l'infâme trader, le banquier capitaliste sans vergogne près à ronger le vertueux état jusqu'à la moëlle, mais, bordell de m... : ce qui menace la stabilité du monde entier, autrement plus que les errements supposés ou réels de certaines banques, subprimes y compris, c'est la dette des États, nom de Dieu ! Oui, la dette ! Tiens, justement de retour de l'antre des libéraux, je viens de tomber sur une information explosive : l'agence Moody's vient de mettre en garde les USA, s'ils ne stabilisent pas leur endettement, ils courent le risque de voir leur note, actuellement AAA, dégradée. Et on ferait mieux de faire gaffe, en France : Fitch Ratings estime que Grande Bretagne, Espagne et France, parmi les pays notés AAA sont les plus vulnérables et donc candidats immédiats à la dégradation. Dans une période de grande méfiance, cela peut avoir des conséquences dramatiques, parce que la part de budget consacré à la dette va exploser. Terminés les promesses du sieur Sarkozy, les aides de toutes sortes, les grands emprunts et compagnie... On saura aussi que toutes promesses de dépenses nouvelles venant des partis politiques n'auront absolument aucune chance d'être réalisées.
On devrait inventer le concept de crime économique. Un crime économique, par exemple, c'est quand vous dissimulez sciemment les aspects les plus sombres de votre compatibilité pour faire croire que vous êtes solvable. C'est ce que la Grèce a fait avec la complicité de banques qui lui ont fourni les outils financiers pour le faire, mais c'est aussi ce que la France fait en ne provisionnant pas les retraites par répartition.
Une fois encore, je constate que seul Bayrou tire (en vain) la sonnette d'alarme, et, depuis un moment... DSK s'interdit peut-être des commentaires sur la politique nationale, mais en tant que directeur du FMI, il n'ignore rien des mouvements qui agitent les marchés financiers et donc du danger mortel qui guette la France. Quelqu'un l'a entendu ? Pas moi, en tout cas... Je donne quitus à ce pauvre Alain Lambert de prêcher dans le désert depuis un moment sur le sujet, mais j'ai l'impression que ces derniers temps il baisse les bras. Enfin, récemment, il au moins posé dans les bons termes la question fondamentale de savoir qui finance quoi en France. Je n'ai pas grande estime pour Luc Ferry, ministre nul à l'éducation sous Chirac, mais, récemment, je dois reconnaître qu'il a été très bon sur le libéralisme, la politique compassionnelle et le courage politique.
Pour revenir sur notre dette, voici un petit billet qui va faire comprendre à ceux qui le liront ce qui les attend...
Bref, comme le dit souvent un affreux libéral bien connu des amateurs éclairés de la blogosphère politique, ce pays est foutu...