Les keitai shosetsu, romans écrits pour être lus sur téléphone portable au Japon, n'en finissent pas de séduire les usagers. Les premiers auteurs à succès de cette nouvelle forme d'écriture commencent à se distinguer.
Bunny, 15ans auteure d'un keitai à succès teinté de SM
Parmi eux Bunny. Elle se décrit comme une adolescente de 15 ans typique qui aime manger chez Mc Donald et faire des photos loufoques avec ses amis. Une adolescente tout ce qu'il y a de plus normal, sauf qu'elle est aussi l'auteur d'un keitai shosetsu, d'un genre un peu particulier, ayant connu un grand succès.
Son roman Wolf Boy x Natural Girl raconte l'histoire d'une belle jeune fille Miku Takahata qui tombe amoureuse d'un beau jeune homme au coeur de pierre Shun Amamiya. S'il peut être un gentleman en temps normal, il peut aussi être un loup pour Miku. Quelque part, on retombe un peu sur les archétypes de personnage des yaoi (le seme ou dominant wolf boy et l'uke ou dominé natural girl, dans le titre le « x » signifie que les noms sont écrits en entier) transposés dans une relation hétérosexuelle.
Plus qu'une relation dominant/dominé, les personnages entretiennent une relation sadomasochiste. On reconnaîtra Shun comme un sadique notamment en raison de la violence de ses baisers. Et c'est particulièrement cet univers qui a plu au lectorat (essentiellement féminin).
Ce keitai shosetsu a été édité en livre imprimé par la suite. Il a été tiré à 110 000 exemplaires et a généré 700 000 $ de chiffre d'affaires (environ 513 000 euros). Pour autant Bunny, ne cherche pas à être reconnue, ni ses amis, ni sa famille ne savait qu'elle écrivain. L'adolescente a déclaré à ce sujet : « c'est embarrassant ». Seule sa mère a été prévenue lorsqu'il a été question d'imprimer un livre en trois tomes.
Un genre très populaire mais très critiqué
Le comportement de Bunny, n'est pas unique. Ceux qui se lancent dans keitai shosetsu préfèrent rester anonymes. Peut-être parce que le genre est assez critiqué par les enseignants et par le monde littéraire traditionnel. Les abréviations, les entorses à la grammaire et le style (avec l'emploi de smiley) font partie des critiques. Un professeur de littérature à l'université Wasada, Chiaki Ishihara, a expliqué : « La plupart des auteurs de romans keitai sont des amateurs qui n'ont jamais écrit auparavant et les histoires suivent un modèle similaire ».
Pour l'auteur Kenro Hayamizu, qui a écrit un livre analysant le phénomène des romans sur téléphones portables, les keitai shotetsu « sont comme des romances Harlequin pour jeunes filles ». Et si Ascii Media Works, un éditeur de keitai confirme qu'il ne s'agit pas là de chefs-d'oeuvre, il n'en reste pas moins que le marché est de plus en plus important.
Un des plus important hébergeur et éditeur de keitai, Maho i-Land Co., se vante d'avoir 1 million de titres en ligne et 6 millions d'usagers. Et concernant les keitai édités, il affirme vendre en moyenne 100 000 exemplaires de chaque. Il concède tout de même que les ventes varient grandement d'un titre à l'autre.
Le marché est tellement important que des publicités pour les sites de keitai sont diffusées à la télévision. C'est en voyant une de celle-ci que Bunny, s’est lancée dans l'écriture de romans pour portables. Avec une seule contrainte pas plus de 1 000 caractères par page, et la possibilité de garder le contenu privé ou de le rendre public.