Elle doit bien rigoler Laurence Parisot !
Ultime " réforme des retraites... avant la prochaine !" Ecrivait en 2007 le Monde diplomatique. C'est effectivement ce qu'on peut se dire en écoutant ou lisant les déclarations des divers responsables politiques et économiques sur l'allongement de la durée de cotisation.
Et pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, le Ministre du Travail en 2007, le "gentil" Xavier Bertrand excluait le report de l'âge légal de départ à la retraite.
Démagogie diront certains, comme FO, qui savaient que : "C’est au sommet de Barcelone en 2002 que les Etats membres de l’Union européenne se sont fixé pour objectif de reporter progressivement de cinq ans l’âge réel de départ à la retraite.
Au cœur de l’été, le 20 juillet 2007, le gouvernement PRODI et les syndicats italiens ont signé un accord sur le report de l’âge légal de la retraite de 57 à 60 ans d’ici à 2011, puis à 61 ans en 2013. En Allemagne, l’affaire a été bouclée au printemps dernier, avec le vote d’une loi portant l’âge de la retraite de 65 à 67 ans d’ici à 2029.
Au Royaume-Uni, il passera de 65 ans à 68 ans d’ici 2046. En Suède, où il n’y a plus d’âge maximum légal pour prendre sa retraite depuis 1993, ceux qui partent avant 65 ans perdent une partie de leurs droits et ceux qui travaillent au-delà reçoivent une prime. En Autriche, le gouvernement a fait coup double en relevant l’âge de la retraite à 65 ans, tout en portant de 40 à 45 ans le nombre d’années de cotisation nécessaires pour avoir une pension au taux plein ... / ... "
Depuis, la Grèce et l'Espagne, profondément touchés par la crise économique mondiale viennent d'annoncer qu'elles allaient s'aligner sur ce "consensus"
En 2007, Jean-Claude Mailly déclarait : "Ce serait déjà bien que les employeurs cessent de licencier leurs salariés dès qu’ils passent les cinquante ans avant de chercher à les faire travailler plus longtemps" en réponse à la proposition de la présidente du MEDEF, Laurence Parisot, qui venait de se prononcer pour un relèvement de l’âge légal de la retraite à 61, voire 62 ans et un allongement du nombre d’années de cotisation ! ... / ... "
Donc rien de neuf pour le MEDEF et les milieux politico économiques qui s'apprêtent à faire plier tous les salariés !
Le plus grave dans cette affaire, c'est que si les estimations actuelles ( comme l'explique Le Point) dans le cas d'un report à 62 ans générerait 6,6 milliards d'euros de recettes en 2020. ... /... Le taux d'emploi des 55-64 ans stagne autour de 38 %, ce qui signifie que la facture sera réglée par les nombreux seniors qui ne parviennent pas à rester en emploi ... / ... "
Or, la "mesurette Wauquiez" de taxation des entreprises qui ne maintiendraient pas les seniors dans l'emploi, n'arrangera rien, comme nous vous l'expliquions vendredi dans Slovar les Nouvelles : "Laurent Wauquiez est-il cynique ou simplement incompétent ? "
Et même si le Président de la République et le gouvernement soulignent que le "sommet social" de lundi n'a pas pour objectif d'annoncer des décisions, mais de "se mettre d'accord sur une méthode et un calendrier ... / ... Pour le reste, le gouvernement a déjà indiqué à plusieurs reprises que "tous les paramètres" seront sur la table, y compris un report de l'âge légal de départ à la retraite. ... / ... " Ce qui semble montrer que c'est Laurence Parisot, bien aidée en celà par des think tanks amis comme l'institut Montaigne qui vont définir le sort de millions de salariés aspirant à la retraite !
Et de quelle façon ?
Dans une interwiew au JDD : " La présidente du Medef plaide pour "qu'un espace de négociation large" soit "réservé sans conteste" aux partenaires sociaux.... / ... Pour garantir le succès de la réforme, il faut surmonter les clivages", prévient-elle. Sur les retraites, "le problème est bien connu mais n'a jamais été pleinement traité" et "cette réforme ne doit pas être un bricolage" puisqu'"il s'agit de retrouver enfin confiance en l'avenir"
Parmi les pistes, elle pense qu'"il faut changer l'âge légal de départ à la retraite". "Nous avons été les premiers à le dire et cette idée a irrigué le débat politique", note Mme Parisot, estimant aussi que ce relèvement "entraînera une hausse du taux d'activité des seniors".
Non, vous ne rêvez pas ! Le MEDEF, inventeur de toutes sortes d'aménagement au code du travail dont la rupture conventionnelle estime que : "ce relèvement "entraînera une hausse du taux d'activité des seniors" !
Omettant de préciser que : " ... / ... Ainsi, entre août 2008 et juin 2009, les Directions départementales du travail (DDT) ont eu à traiter 142.477 demandes d’homologation de rupture conventionnelles. Et, les chiffres de la Dares montrent que le nombre de demandes croît de mois en mois. Au cours du seul mois de juin 2009, ce sont plus de 20.000 demandes d’homologation qui ont été enregistrées ... / ... " - Source NetPME et que beaucoup étaient des plus de 50 ans !
Elle répète être pour "le maintien du régime par répartition mais complété par un système de retraite par capitalisation".
Et revoilà la fameuse capitalisation retraite présentée par l'Institut Montaigne comme le recours suprême (voir "L’avenir des retraites en France vu par ... l’Institut Montaigne") le tout en pleine crise économique et financière !
En clair, comme nous l'écrivions : " un succédané du système américain pour le plus grand profit des assureurs, banquiers et organismes financiers qui pourraient engranger des sommes colossales. En voila une bonne idée "durable" pour renflouer les caisses vides pour cause de spéculation et de bricolage financier. Car, pour continuer à verser des dividendes à deux chiffres aux actionnaires et retrouver le bonheur de l’argent à flots, il est nécessaire de mettre la main sur un magot quasi éternel : l’argent des salariés cotisant en vue d’une retraite ... / ... "
Mme Parisot se prononce contre l'idée suggérée par François Fillon de relever les cotisations retraite et, en contrepartie, baisser les cotisations chômage. Augmenter les cotisations retraite "alourdirait à nouveau les charges des entreprises et réduirait le salaire net des salariés"
Cette demande est liée à un engagement que Laurence Parisot avait pris envers les adhérents du MEDEF. Si, à la surprise générale, en 2008 : "elle acceptait de «suspendre la baisse de cotisations» réclamée par l’organisation patronale, au moins "tant que le gros de la crise n’est pas derrière nous" (Libération) Et si " 55 % des Français estiment que la crise n'est "pas terminée" et que la "reprise n'est pas encore là". Seulement 4 % pensent que "la reprise économique est déjà en cours", 23 % que "le plus gros de la crise est passé et que la reprise est en train de s'amorcer". Et, 17 % (Le Point ) estiment que la crise "va s'aggraver".
il semblerait qu'elle pense que l'obtention de cette mesure lui permettrait d'assurer sa réelection (contestée, même par l'Elysée) à la tête du MEDEF !
Elle rejoint par contre le gouvernement sur la pénibilité, en étant "d'accord pour tenir compte des situations les plus pénibles à condition de les évaluer sur des critères individuels et objectifs".
Qui rejoint qui ?
Cette négociation dure depuis trois ans et sur ce sujet, le MEDEF oppose une formidable force ... d'inertie ! Poussé dans ses retranchements par le gouvernement qui a menacé de légiférer, le MEDEF avance des pistes si restrictives qu'elles réduirait la notion de pénibilité à la portion congrue.
Car, quant à l'indemnisation, Laurence Parisot, a réaffirmé en juin 2009, que : "... / ... la pénibilité doit être "reconnue par une commission médicale, ça ne peut pas être un critère global mais une reconnaissance au cas par cas"- Source Le Point
Que dit Xavier Darcos ?
"... / ... M. Darcos a souhaité "d'abord prévenir" et "ne pas reconstituer les régimes spéciaux" mais "traiter au cas par cas". "Si vous obtenez une traçabilité, comme un carnet de santé professionnel, si vous pouvez avoir un faisceau de critères, vous aurez ensuite évidemment une commission spécialisée à caractère médical qui pourra dire oui ou non si le métier que vous avez exercé vous permet de bénéficier de départ prématuré ou de récupération de trimestre" - Source AFP/Google
Enfin, autre sujet qui devrait être abordé lundi, les chômeurs en fin de droit: "nous souhaitons d'abord réfléchir à des formations spécifiques pour préserver leur employabilité à long terme" et "nous demandons que soit simplifiée et étendue l'exonération des charges sociales pour toute embauche d'un chômeur en fin de droits", a affirmé la patronne du Medef. - Source Le Monde
Formation, exonérations de charges ... litanie du MEDEF qui lui permet de ... ne rien faire et d'accuser les salariés, les chômeurs et le gouvernement d'immobilisme !
Que vont faire les syndicats?
" ... / ... Dans une déclaration commune signée par la CGT, la CFDT, la CGC, la FSU, l'UNSA et Solidaires, et soutenue pour partie par la CFTC, les syndicats ont prévenu, en préambule à la réouverture du dossier des retraites, qu'ils "n'accepteront pas une mascarade de concertation", et "ne se laisseront enfermer ni dans un calendrier, ni dans un débat qui ne prendraient pas en compte l'ensemble des questions, notamment le niveau des pensions, l'emploi, le financement, la pénibilité" ... / ... Les syndicats veulent par ailleurs que le "sommet social" de lundi ne se limite pas à la question des retraites. Ils entendent bien obtenir des négociations sur les mesures à prendre face à la crise, et comptent interpeller le chef de l'Etat sur la question des chômeurs en fin de droits ... / ... " Source AP/Google
Nul doute qu'elle doit bien rigoler Laurence ....