Savez-vous qui est vraiment Ann Perry ? Moi je ne le savais...

Publié le 15 février 2010 par Mmepastel

Réinterprétation de l'affiche du film

Image du film

Ann Perry

Son premier succès

Savez-vous qui est vraiment Ann Perry ?

Moi je ne le savais pas. Je lisais tranquillement ses petites histoires de meurtres de la collection 10/18 qui se passent sous l’ère victorienne (avant de me lasser assez rapidement) ; j’aimais bien l’ambiance, la description de ce Londres aux plusieurs visages, avec les faubourgs sombres et poisseux parallèles à la splendeur apparente de la haute bourgeoisie…

Puis j’avais vu, il y a bien longtemps (en 1996, je crois), non sans une émotion certaine, le film de Peter Jackson Heavenly Creatures/Créatures Célestes.

Or, j’ai appris récemment que  une des deux héroïnes du film et Ann Perry ne faisait qu’une. Enfin, soyons plus exact : le personnage de l’histoire vraie qu’avait adaptée Peter Jackson n’était autre qu’Ann Perry !

Autrement dit le passé de l’écrivaine prolifique aux intrigues plutôt ronronnantes (j’ai recensé pas moins de 55 livres de sa plume !) était on ne peut plus effrayant ! Juliet Hulme avait, avec son amie Pauline, sauvagement assassiné la mère de cette dernière car celle-ci, inquiète de la passion amoureuse qui liait les deux adolescentes, avait décidé de les séparer grâce à un déménagement. Un procès établit clairement leur culpabilité, mais sans doute en raison de leur âge, elles bénéficièrent d’une certaine clémence et furent relâchées assez rapidement, à la condition qu’elles ne se revoient plus.

C’est en 1994 qu’Ann Perry a officiellement reconnu que l’adolescente meurtrière était bien elle. Depuis, elle continue tranquillement son activité d’auteure de romans policiers historiques, en Écosse.

Le cas est fascinant. Lisez ce poème de son amie Pauline écrit en 1953, un an avant le drame :

Là vivent parmi nous deux filles dévouées

D’un homme qui possède deux belles filles

Les êtres le plus glorieux de la création ;

Ils seraient la fierté et la joie de n’importe quelle nation

Vous ne pourriez pas savoir, ni encore essayer de deviner

La douceur calmante de leurs caresses

Le génie remarquable de cette paire

Est peu compris, ils sont si rares


Comparé à ces deux êtres, chaque homme est un imbécile.

Le monde est si honoré qu’ils devraient daigner y régner,

Et au-dessus de nous ces Déesses règnent.

J’adore le pouvoir d’être une de ces deux beautés

Avec cette adoration si peu connue

En effet un miracle, doit se révéler,

Que ces deux créatures célestes sont réelles.

Les deux paires de yeux, quoique différents, tiennent beaucoup de mystères

étranges

Impassiblement elles observent la race décrépie des hommes et le changement.

Haine brûlante, brillant dans les yeux marrons, avec l’ennemi comme carburant,

Le dédain glacial scintille dans les yeux gris, dédaigneux et cruels.

Pourquoi les hommes sont de tels imbéciles, ils ne comprendront pas

La sagesse qui est cachée derrière ses yeux étranges.

Et ces merveilleuses personnes sont toi et moi.

La haine et l’amour l’animent. Les deux adolescentes s’étaient créées un monde parallèle (le Quatrième Monde), une autre dimension qui les avait progressivement éloignées de la réalité. Pour un éclairage psychiatrique de leurs cas, vous pouvez aussi avoir accès à ce mémoire de DESS d’une étudiante, Marie Carpentier.

Quant au film, il reste troublant dans ma mémoire car il me semble que l’esthétique y était très importante (et très réussie), jusqu’à faire écran à la folie grandissante des deux protagonistes (mais sans doute est-ce voulu si l’on veut comprendre l’aveuglement des deux jeunes filles), et vous douchait d’un seul coup avec la scène du crime, d’un réalisme insoutenable. Je ne sais guère qu’en penser… il faudrait le revoir, mais je ne sais pas si j’en ai vraiment envie…