L'affaire N'Gustro de Jean-Patrick Manchette

Publié le 27 janvier 2010 par Fromtheavenue

 
Ce qui me plaît chez Manchette, c'est son écriture froide presque clinique qui fait place à l'action au détriment des sentiments. On ne peut que détester ce jeune Butron, fasciste, qui se fout de la société et lui crache dessus. Il ne pense qu'à "troncher des pouffiasses", sa mère n'est qu'une conne et son père, un grand mou qui pue. C'est un homme en révolte mais qui après avoir fait un séjour en prison ne connaîtra plus de limites morales.
Après de petits délits de vols de voiture, il se bastonnera dans les manifs . A sa sortie de prison, il apprend la mort de son père et profite de son argent pour ne rien faire. Il trempe dans le trafics d'armes. Il deviendra aussi le garde du corps du ministre de l'intérieur de Zimbabwin, leader d'un pays du tiers-monde. en voyage incognito en France. Mais celui-ci se faisant kidnapper, Butron au courant de l'affaire se fera accusé à tort. Pour se couvrir, il décide alors d'enregistrer ses confessions avant de se faire descendre par les services secrets du Zimbabwin. Les services de l 'état français maquilleront l'incident en suicide et récupèreront l'enregistrement.
Pour son deuxième roman, Jean-Patrick Manchette nous offre un pamphlet sans concession contre une bavure de l'état français, celle de l'affaire Ben Barka qui avait fait grand bruit dans les années 60. L'écrivain a juste changé quelques noms et reprit les faits historiques.
Al Mahdi Ben Barka est un leader tiers-mondiste qui a tout d'abord lutté pour l'indépendance de son pays, le Maroc, obtenue en 1956. Il devient populaire mais du fait de cette popularité, il est accusé de complot contre le roi Hassan II et doit s'exiler. Il est enlevé le 29 octobre 1965 en plein Paris et à l'instigation du ministre de l'Intérieur marocain, le général Oukflir, par les services secrets de son pays grâce à des complices français et sans doute avec la bénédiction et l'aide du régime gaulliste. Le plus honteux dans cette affaire a été sa dissimulation pendant très longtemps, aussi bien par les sphères du pouvoir que par les organes de presse français.
(tiré de Jean-Patrick Manchette, parcours d'une oeuvre de Jean-François Gérault, Encrage 2008)
Présentation de l'éditeur :
Une vraie tête à claques, ce Butron. Méchant, prétentieux, naïf, paranoïaque et sadique sur les bords, il voulait tout et tout de suite et se prenait pour un pur. Il se mêla de politique et de complots, pour la rigolade, l’argent, la gloire, et N’Gustro, un leader du Tiers Monde, paya les pots cassés. Butron, floué par les puissants, les barbouzes, les politicards, n’avait aucune chance de s’en tirer. Il ne s’en tira pas.