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Hatsu est une lycéenne japonaise qui n’arrive pas à s’intégrer dans sa classe. Au collège, elle avait une amie Kinuyo, qui à présent s’éloigne d’elle et va rejoindre un autre groupe d’amis. Hatsu tente de se lier d’amitié avec un garçon qui semble différent des autres garçons. Voici le portrait d’une jeune japonaise qui traverse l’adolescence et qui découvre les premiers sentiments amoureux. Un seul mot : merci Philippe Picquier ! L’auteure, Wataya Risa est la plus jeune lauréate a avoir obtenu le Goncourt japonais, et pour cause ! Ce roman est magnifique. Tout est dans le détail du moindre détail, tout sentiment est décortiqué avec finesse et pudeur. Wataya Risa prend le temps de souligner les sentiments ambigus, les frustrations et les colères de cette ado. On est à la fois avec et contre elle. D’un côté, elle semble plus mature que ses camarades (et loin des niaiseries des autres filles) et d’un autre côté, on a envie de la secouer, de lui dire de se bouger, qu’elle a le droit de vivre tout simplement. Cela en fait un personnage attachant avec une identité singulière. Voici quelques passages :Je veux que quelqu’un délie un à un tous les fils noirs qui sont pris dans mon cœur comme on détache un à un les cheveux dans un peigne, et les jette à la corbeille. Je voudrais que les autres répondent à mon attente, mais je ne suis même pas capable de penser à faire quelque chose pour quiconque.Combien de fois ai-je été obligée de retenir un rire depuis que je suis au lycée ? Rire c’est baisser sa garde, et il faut un grand courage pour baisser sa garde quand on est seul.
Si je m’efforce de m’effacer ainsi le plus possible, en même temps j’ai peur de m’apercevoir que j’ai complètement disparu.