Alsace : Élections régionales, Internet, e-démocratie et web 2.0

Publié le 15 février 2010 par Red-Act | Concepteur | Rédacteur | Alsace @red_act

Avec une intensité variable selon les régions, internet est entré dans les mœurs politiques et le prouve avec ces élections régionales. Si les élus 2.0 souhaités par Nathalie Kosciusko-Morizet, la secrétaire d’État à l’économique numérique, ne sont pas encore au rendez-vous. Force est de constater, a minima, l’utilisation des outils offerts par le web, en attendant leur maîtrise dans les années à venir.

Si l’on ne peut comparer les « régionales 2010 » avec les élections américaines où l’absence de limites budgétaires permet toutes les innovations, on retiendra néanmoins qu’internet aura joué un rôle important dans la victoire de Barack Obama d’abord dans les primaires face à Hillary Clinton, puis lors des présidentielles face à John Mac Cain. En France, ce fut l’élection présidentielle qui souligna pour la première fois le poids du web en tant que média, diffuseur d’opinions et créateurs de tendances. Les élections régionales des 14 et 21 mars 2010 en Alsace permettent aujourd’hui de se pencher sur les pratiques des principaux candidats, ce qui constitue donc l’objet de cet article livré pour vous par l'agence Red-Act.

De l’usage du site web comme média personnel

Les élections régionales en Alsace se déroulent donc aussi sur le web, en tout cas une partie de la campagne.

Premiers à avoir ouvert le bal, les sites du Front national et d’Alsace d'abord qui s’appuient sur des technologies maitrisées pour les uns (le blog amélioré pour le FN) et le site institutionnel du mouvement pour Alsace d’abord qui a rajouté des pages dédiés aux élections.

Europe Écologie et le Modem ont géré la création de leur site internet nationalement. L’avantage est sans doute de mutualiser un budget de plusieurs milliers d’euros par régions et donc de confier à une agence nationale, la réalisation de sites personnalisables par région.

Philippe Richert et son équipe, comme Jacques Bigot, ont fait le choix d’une agence ou de prestataires locaux qui ont décliné des sites simples et directs. On notera la sortie tardive du site du candidat PS, qui pourrait occasionner quelques retards dans le référencement naturel su site.

Dans chacun des sites ou presque, on retrouve une part rédactionnelle (le programme), une part vidéo (présentation des candidats ou moments de campagnes) et des outils de « viralité » et de diffusion plus ou moins bien optimisés.

Liste

Site Internet

La liste d’Europe Écologie Alsace soutenue par les Verts, Régions et Peuples solidaires et le MEI conduite par Jacques Fernique

http://alsace.regions-europe-ecologie.fr/

La liste de l’UMP et du Nouveau Centre conduite par Philippe Richert

http://www.philipperichert2010.fr/

La liste du Front national conduite par Patrick Binder

http://www.alsace2010.com/

La liste du MoDem conduite par Yann Werhling

http://alsacedemocrate.fr/

La liste du Parti socialiste conduite par Jacques Bigot

http://www.jacques-bigot.fr/

La liste régionaliste « Alsace d'abord » conduite par Jacques Cordonnier

http://www.alsacedabord.org/

Quoi qu'il en soit, le site web de chacune des têtes de liste est donc présenté d’abord comme un média de campagne plus ou moins bien habillé graphiquement. Cet aspect est pourtant stratégique, car il impacte sur l’usage qu’en fera l’internaute. Un site doit être pratique, ludique, direct et plaire autant aux jeunes militants qu’aux retraités qui confortent leur choix par internet. Là, encore, des réflexions en amont s’imposent et elles passent par la rédaction d’un cahier des charges et d’une arborescence précise.

Le coût d’un site internet (variable selon les besoins, les technologies et la stratégie) sera donc naturellement intégré dans les dépenses des candidats et présenté à la Commission Nationale des Comptes de Campagnes et des Financements Politiques.

Ecrire, être lu, être vu

Selon leurs moyens et les équipes techniques militantes ou professionnelles. On notera globalement des contenus qui mériteront d’être optimisés dans les années à venir. Ainsi, si l’usage de la communication politique traditionnelle semble être maitrisé lorsqu’il s’agit d’affiche, de tract, il n’en va pas naturellement de même sur internet.

On notera ainsi globalement que les textes mériteront d’évoluer et de s’adapter autant aux règles de l’écriture « web » que de la lecture sur internet. En effet, si on lit plus sur internet, on passe moins de temps à lire.

Qui plus est, on notera aussi que le lecteur fait souvent confiance à son moteur de recherche pour trouver de l’information. Là, les listes, leurs webmestres devront intégrer les règles élémentaires du référencement naturel (avant de recourir éventuellement, dans les délais autorisés par la loi, des outils de référencement payants – interdits en campagne, car considérés comme des espaces publicitaires) qui font parfois encore défaut.

Il en va de même pour les vidéos. Si certaines des listes semblent avoir confié leur réalisation à des professionnels. Leur implantation sur le net est soit internalisée au site, soit confiée à des plateformes reconnues comme Youtube, Dailymotion. L’avantage des secondes est lorsque la vidéo est bien implantée, référencée, titrée et décrite, de pouvoir occasionner facilement autant leurs reprises vers des sites internet de militants que la création de liens indirects vers le site de campagne.

Reste ensuite le contenu des vidéos. Là, les listes font des choix différents. Certaines, à l’instar d’Europe Écologie font le choix de mixer des messages politiques dans un cadre marketing, d’autres sont plus institutionnelles ou comme Philippe Richert ou Jacques Bigot cherchent d’abord à créer la rencontre entre la tête de liste et les électeurs.

Dans tous les cas de figure, outre les talents naturels des candidats, un minimum de « média-training » sera désormais nécessaire pour optimiser encore « l’histoire » que chaque membre des listes doit raconter pour séduire l’électorat.

On notera donc l’importance du référencement, mais surtout la nécessité pour les candidats et les listes, de disposer d’une stratégie numérique de campagne en amont de celles-ci. Chaque détail a son importance sur un média qui peut être directement critiqué, pastiché, diffusé et émettre ainsi autant une image positive que négative.  Attendre le début d’une campagne pour les régler, c’est naturellement prendre du retard en raison des processus de validations parfois laborieux.

Des réseaux sociaux : twitter, facebook

Si nous n’en sommes pas encore à la situation américaine où Barack Obama faisait tenir et diffuser ses meetings dans les mondes virtuels de Second Life, les élections régionales de mars prochains en Alsace confortent l’impact des réseaux sociaux. Encore faut-il savoir qu’y dire, qu’y faire.

On ne pourra donc d’abord conseiller aux candidats d’éviter les copier-coller de leurs agendas et de mettre de l’humain dans leur communication numérique. Si l’ e-lecteur, futur électeur,  perçoit cela trop vite, il se détache et perd de l’intérêt pour la liste et son message.

La plupart des candidats déclinent donc – directement ou par le biais d’assistants –un compte Twitter. Service de microblogging, permettant aux utilisateurs de bloguer grâce à des messages courts (140 signes maximum,) et ne pouvant pas faire l’objet de longs débats et développement, Twitter est aujourd’hui utilisé principalement pour motiver des troupes, donner de l’information en temps directs et animer le réseau.

On notera qu’habilement, plusieurs candidats alsaciens rediffusent des contenus écrits sur leurs blogs et des liens pour générer également un trafic. Une fois encore, le clic a ici vocation à diffuser de l’information puis à créer l’adhésion.  

C’est sur facebook que les candidats alsaciens se retrouvent massivement. Là, ils peuvent rediffuser leur programme, leurs affiches, à l’ensemble de leurs « amis ». Plusieurs stratégies sont offertes aux candidats : l’ouverture de sa page personnelle, l’ouverture d’une page ou d’un groupe consacré aux élections régionales, l’ouverture d’une page concernant l’activité du parti.

Le tableau ci-dessous fait (sauf erreur ou évolution), un rapide point de la situation à la date de rédaction du présent article.

Liste

Site Internet

Twitter

Page Perso

FB

Groupes

Fan

FB

La liste d’Europe Ecologie Alsace soutenue par les Verts, Régions et Peuples solidaires et le MEI conduite par Jacques Fernique

Oui

Oui

1232 amis

632 fans

La liste de l’UMP et du Nouveau Centre conduite par Philippe Richert

Oui

Oui

3300 amis

736 membres

La liste du Front national conduite par Patrick Binder

Oui

Oui

224 amis

Non

La liste du MoDem conduite par Yann Werhling

Oui

Oui

1269

amis

234

fans

La liste du Parti socialiste conduite par Jacques Bigot

Oui

Oui

1519

amis

569 membres

La liste régionaliste « Alsace d’abord» conduite par Jacques Cordonnier

Oui

Non

206 amis

732 fans

 (chiffre en date du 14.02.2010)

Le taux de pénétration d’un réseau comme Facebook en Alsace, serait de 330.000 comptes ce qui en fait donc clairement un média à conquérir pour les candidats

Stratégies et Perspectives

Si tout le monde peut passer un permis de conduire, personne ne maîtrise naturellement le volant comme Sébastien Loeb. Ce parallèle s’applique clairement à Internet. Les technologies sont donc une première étape dans les campagnes et plus particulièrement dans le développement de l’e-démocratie.

À l’instar des sites commerciaux, c’est la stratégie et le contenu qui agiront ensuite. Cependant, la règle fondamentale reste la même : faire venir, faire savoir, faire faire. En effet, outre la partie « média », le site internet d’une liste doit pousser à l’adhésion et à l’action. Là, cela passe par une stratégie d’animation, de « community management » afin d’impacter sur la campagne et de conforter son camp.

À quelques semaines du scrutin, voilà ce qu’il reste à faire aux listes en présence.

En conclusion, on soulignera aux cybercandidats, aux cybermilitants que si internet ne fait pas une victoire, il peut y contribuer, car il constitue une sphère d’influence forte. De plus en plus de personnes y puisent leurs informations, de plus en plus de vidéos y sont consultées et même les journalistes viennent y puiser des sources d’inspiration et prendre la température.

Lentement, mais surement, on passe, c’est sur de la propagande classique à la politique 2.0.  Pour parfaire cela, on renforcera encore l’interactivité des sites et réseaux, on lancera des débats, on répondra. Sachant que comme dans la vie réelle, le citoyen cherche, sur internet plus de proximité et plus de sincérité dans sa « rencontre » avec les candidats et élus.

Note : D’autres aspects stratégiques (de la gestion des communautés de bloggeurs, aux rp) ou analyses fines pourraient être développés dans ce genre d’article. Afin de ne pas ouvrir de polémiques inutiles, ce panorama se veut d’abord informatif. Les personnes souhaitant disposer de compléments d’information, faire analyser une stratégie, la conforter, peuvent nous contacter par le biais de notre site internet professionnel : www.red-act.com

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