Ce dimanche, j’ai noté quelques collisions dans l’actualité. Parfois, elles sont cocasses ; alors dans ce billet, je vais parler transports en commun, Laurence Parisot, et …transsexualisme. Si si. C’est possible.
Tout commence par cette nouvelle tombée sur les téléprompteurs de la Demaerd Corp : enfin, en France, le transsexualisme n’est plus considéré comme une maladie mentale. C’est donc avec un trémolo dans la voix et les yeux légèrement humides que je me rends compte que la Sécurité Sociale ne remboursera plus les opérations de changement de sexe des personnes souffrant de cette pas-maladie.
Bon, ok, en fait, je ne sais pas si l’opération était remboursée ou non avant, et, à vrai dire, je m’en fiche un peu. Mais en tout cas, il semble bel et bien que « les troubles précoces de l’identité de genre » vont être retirés du code de la Sécurité sociale relatif aux « affections psychiatriques de longue durée ». D’un côté, on peut parier qu’il y aura plein de gens tout frétillant à l’idée d’apprendre qu’ils ne sont plus malades. De l’autre, il n’est pas impossible que ça frétille moins lorsqu’on va présenter les factures, … non remboursables, hein.
Je parle transsexualisme, j’évoquais des collisions et comme l’actualité propose un sujet sur Laurence Parisot, le lien semble évident. Paf, voilà la Laurence qui nous dit des trucs de sa voix velouté de camionneur président(e) du MEDEF.
Que dit-il je veux dire dit-elle bref passons ?
Outre l’accroche du titre, « Nous jouons avec la réputation de la France« , elle explique qu’à ne pas vouloir tenter de réformer le système de retraite, on va droit au mur.
Et je dois dire que, tout transsexualisme citoyen et festif mis à part, il elle n’a pas tort : de plus en plus de retraités, de moins en moins de cotisants, de plus en plus de chômeurs et de fonctionnaires qui, par définition, ne produisent pas de richesse qui permet, tout simplement, aux retraités de toucher une pension… Tout ceci ne peut pas bien terminer si on ne trouve pas une solution rapidement.
Maintenant, il ne faut pas oublier que c’est aussi ce genre de personnes qui, tout corporatisme assumé, aura torpillé proprement l’image des entrepreneurs en France en perpétuant le capitalisme d’état à la franchouille, celui qui prétend agglomérer dans un improbable brouet libéralisme et dirigisme éhonté avec le résultat calamiteux qu’on connaît…
Mais il est vrai qu’on ne peut pas tout miser sur la croissance de la zone euro. En effet, collision supplémentaire, le Maônde, dans un article offrant une véritable farandole de chiffres jetés les uns contre les autres sans grande cohérence, nous apprend que le quatrième trimestre 2009 n’est pas brillant brillant, et que, même si la devise européenne baisse, les exportations en font autant, ce qui ruine un peu le paysage, vous ne trouvez pas ? Autrement dit, si c’est la reprise, elle a la couleur et l’odeur d’une crise qui continue.
Devant ce triste constat, on se dit qu’effectivement, la réputation de la France, son pacte social et son modèle que le monde ne nous copie pas, pourraient en pâtir.
C’est là que la SNCF intervient : pour redorer le blason de la France, quoi de mieux que des services publics performants (j’aime, j’aime, j’aime) ? Dominique Bussereau, le secrétaire d’état aux transports, est un petit malin et il a bien compris qu’avec des trains qui arriveraient tout bien comme il faut à l’horaire indiqué, eh bien on éviterait les taches crado sur le drapeau national !
Il faut dire qu’actuellement, ce n’est pas brillant brillant, le service public monopolistique de transport de bétail humain : ça se grippe, ça se grève, ça se coince, et au bilan, un train sur cinq des grandes lignes arrive avec plus de cinq minutes de retard. C’est pour ne pas dire, pudiquement, que beaucoup de trains ont une conception… disons large de la notion de ponctualité.
D’ailleurs – bing, collision ! – alors que le tovaritch Bussereau faisait gigoter ses petites lèvres pour énoncer un nouveau plan quinquennal d’accroissement des rendements de ponctualité des fières lokomotivs nationales, … on pouvait noter quelques pétouilles à Lyon où, pour fêter les départs en vacances de février, les voyageurs étaient amenés à tester la bonne isolation de leurs vêtements de neige sur les quais refroidis de la gare.
Et, comme d’habitude, la SNCF avait déployé des trésors d’ingéniosité pour informer ses clients qui, sur les vingt dernières années au moins, ont tous pu constater une nette amélioration dans la qualité globale de communication en cas de pépin.
Si si.
Puisque je vous le dis.
Evidemment, il y a toujours un petit malin qui va ajouter son innovation aux feuilles mortes sur les voies, aux suicidés, à la neige, aux demi-attentats terroristes de mouvances gauchistes évaporables, aux pannes motrices, aux horaires improvisés, aux grèves, aux tarifs fantaisistes ou indéchiffrables et aux débrayages involontaires d’une certaine catégorie de personnel.
Par exemple, en ne s’arrêtant pas aux arrêts : un train qui ne s’arrête pas gagne beaucoup de temps et permettra ainsi à la SNCF d’atteindre son quota de trains à l’heure. C’est une méthode un peu rude pour le « client » qui doit alors débarquer par ses propres moyens lorsque la rame passe à son arrêt, à 70 km/h. L’idée est de commencer par jeter les plus vieux d’abord, qui, correctement empilés, forment ainsi un coussin d’amortissement pour les passagers du prochain TGV.
Allons, pas de mouron : pour le moment, ces collisions ne sont, finalement, que celles des mots dans des articles pas toujours liés les uns aux autres. Gageons que celles-ci se feront plus nombreuses dans les mois suivants.
Et souhaitons qu’elles ne se terminent pas par de vraies collisions…