Un père, malade d’un cancer du poumon, retourne pour trois semaines avec son fils au Viêtnam où il a vécu autrefois, pendant la guerre de ce qui était alors l’Indochine. Sa femme les accompagne à la gare : elle s’affaire pour ne pas pleurer.A Hô Chi Minh-Ville, l’ancienne Saïgon, le fils part en repérage pour le film qu’il compte tourner bientôt. Le père retourne sur les traces de son passé. Il retrouve la femme à qui il a écrit pendant quarante ans. Rentrera-t-il en France avec son fils ?
2 Une histoire simple
" C’est une histoire de marins et de femmes de marins. Ça pourrait se passer à Sydney, Veracruz ou Manille. Celle-ci se passe à Brest".
Elle s’appelait Hélène. Elle avait une fille. Lui, le marin, leur racontait des histoires. La mère se maria avec lui. Il était toujours parti et leur écrivait des lettres avec encore des histoires. La mère voulait qu’il reste à terre mais il ne pouvait pas et continuait ses tours du monde. La fille aimait tellement ses récits et ses lettres qu’elle aima aussi le marin. Un drame eut lieu qui cloua le marin au sol et fit s’envoler la fille sur les grands navires aussi où à son tour elle fit plusieurs fois le tour du monde.
Mais l’histoire ne finit pas là ! Le marin ne pouvait rester à terre même cassé comme il était. Il ne rattrapa jamais la fille mais l’histoire pour une fois finit bien !
Billy est un marin plus jeune, plus beau, plus doux que les autres. Il est cultivé et aime lire. D’ailleurs son surnom vient de Melville. Il a des amis. Tout le monde l’aime, garçons ou filles. Un soir, dans un bordel d’un port du bout du monde, une femme très belle et très élégante le choisit et le conduit dans sa demeure. Elle lui présente sa fille handicapée et mourante à la suite d’un accident de cheval, sa fille jeune et triste qui ne veut pas mourir sans connaître l’amour. Tous les autres ont refusé. Billy accepte et revient chaque soir.. Inattendue, la tragédie surviendra trop vite, celle qui n’était pas prévueCes nouvelles sont magnifiques. L’écriture est belle, précise, directe, lyrique quand il le faut . Elles m'ont vraiment plu, moi qui n'aime pas tellement les nouvelles! Elles ne donnent jamais l'impression que l'histoire gagnerait à être traitée en roman ! Elles sont équilibrées: on ne connaît que l'essentiel, sans s'attarder mais sans trop de sécheresse non plus!
Quelques phrases que j'ai aimées. "Un port regarde la mer, forcément. Il attend les étraves, vous accueille à cœurs ouverts, vous protège. C'est un refuge cosmopolite".
"Un type tout seul avec un bandonéon pleurait des amours impossibles, des passions, des abandons, une soupe sentimentale qui faisait frissonner les équipages. La nostalgie les emmenait en voyage pour un retour au port d'attache avec une grosse vague de rhum pour noyer le tout."
Qui ne se mêlent pas à la vie de la ville
Et qui libèrent le soir les marins éperdus. »
Louis Brauquier
"Pour moi Brest est une séquence essentiellement féminine."
Blaise Cendrars
Les hommes à terre de Bernard Giraudeau
Editions Métailié, 2004, 177 pages