Cette rubrique suit l'actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s'agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.
° Pascal Quignard, Lycophon et Zétès, Poésie/Gallimard
° Jean-Pascal Dubost, Intermédiaires irlandais, Apogée
° James Sacré, Tissus mis par terre et dans le vent, Le Castor Astral
° Jean-Patrice Courtois, Les jungles plates, Nous
° Martin Rueff, Différence et identité, Hermann
° Charles Juliet, Lumières d'automne, Journal VI, P.O.L.
° Frédéric Musso, L'imparfait du fugitif, La Table ronde
° Jean Métellus, Tania Pividori, Voix libres, Le Temps des cerises
° Samuel Rochery, Odes du studio Maida Vale, Le Quartanier
° Chantal Danjou, Les Amants de glaise, Rhubarbe
° Guénane, Le mot de la fin, Apogée
° Jean-Claude Le Chevère, La Cour des petits, Apogée
° Denys-Louis Colaux, Un Tailleur d'allumettes, L'Arbre à paroles
° Jean-Baptiste Pedini, Peut-être à minuit, -36 ème édition
° Pierre Tréfois, Offertoire rouge, L'Arbre à paroles
° la revue
°Saraswati, n° 10
et aussi
° Bernard Baas, La Voix déliée, Hermann
Notices détaillées de chacun de ces livres en cliquant sur " lire la suite de.... "
*Pascal Quignard
Lycophron et Zétès
Poésie Gallimard n° 456
336 p - 7,70 € - inédit
Alexandra, de Lycophron, traduction de Pascal Quignard - Préface de 1971 - Postface de 2009. Zétès : Zacharie, Jean, Cassandre - L'analyse - Les DEB - Traité sur l'oralité silencieuse - La suite de Ménédème - Théon le Rhéteur - L'abrogation de l'écriture gothique - Note sur les civilisations bicamérales
" Voici un livre qui ne ressemble à aucun autre de la collection Poésie/Gallimard, ce qui n'est guère surprenant quand on connaît la capacité de Pascal Quignard à inventer des genres littéraires jusqu'ici inconnus. Ce titre assemble une traduction de l'Alexandra de Lycophron par Pascal Quignard et un long texte du même qui se déploie comme une réflexion sur ladite traduction, en incluant de nombreux éléments autobiographiques ainsi que des séquences attribuées à un poète fictif, Zétès. Loin d'être disparate, l'ouvrage trouve son unité et sa légitimité dans le récit en actes qu'il propose : pourquoi un jeune homme de vingt ans décide-t-il de s'attaquer à une traduction de cette ampleur ? Quel est alors son rapport au fait poétique et à la communauté des poètes (André du Bouchet et Paul Celan notamment) ? En quoi une telle expérience annonce-t-elle les œuvres futures ? Abordant et répondant à toutes ces questions, Pascal Quignard compose par touches successives, un art poétique qui le révèle magnifiquement : " c'était il y a quarante ans, écrit-il. Je disposais devant moi, à côte de moi, autour de moi, tous les dictionnaires que j'avais hérités de mon arrière-grand-père et ceux, plus récents, de Bailly, Chantraine, Grandsaignes, Bloch-Wartburg, Ernout-Meillet. Ils s'entassaient, se superposaient, de tous formats, petits, énormes, grands ouverts, les uns sur les autres, sous l'ampoule nue. Je préparais la traduction en commençant par cherche l'étymologie de chaque mot. Je voyageai. J'allais dans l'autre monde. Je descendais dans les siècles perdus. " Et cette " descente dans les siècles perdus ", du côté de Lycophron, apparait soudain comme une exploration fascinante, terrible, lucide, qui témoigne de la permanence de l'horreur et de l'aveuglement dans ce qui forme le destin des hommes. " Cassandre dit l'horreur du lien social, personne ne la croit. Le déprimé dit la vérité du réel. Personne ne le croit. Ceux qui survécurent, revenant des camps d'extermination de l'Allemagne, provoquèrent la même incrédulité - trois mille ans plus tard - que Cassandre dans le monde troyen détruit, avant d'être égorgée ". On comprend pourquoi un poète comme Paul Celan suivit pas à pas, à la fin des années 60, la traduction de Lycophron qu'avait entreprise Pascal Quignard, et pourquoi il ne cessait de lui demander d'accélérer la mise au net de la version française de ce texte fondateur. La publication aujourd'hui, en Poésie/Gallimard de Lycophron et Zétès est non seulement un évènement éditorial, c'est aussi un défi lancé à l'intelligence et la conscience de chacun. (Prière d'insérer)
*Jean-Pascal Dubost
Intermédiaires irlandais
Apogée, 2010
14 €
Jean-Pascal Dubost a séjourné à plusieurs reprises en Irlande. Ce pays, il a toujours tenu à le découvrir de la meilleure façon qui soit, autrement dit en marchant, en sinuant d'est en ouest, en vivant l'aventure au jour le jour. C'est celle-ci qu'il restitue dans ce récit (son premier) où apparaît, discrète et légèrement énigmatique, cette présence qui l'aide non seulement dans la quête
de soi et de l'autre qu'il mène sur l'île mais aussi sur les chemins de l'écriture et de la pensée. Portés par une langue sinueuse et précise, ces Intermédiaires irlandais, ancrés dans des paysages souvent tourmentés, gravent en continu les multiples rencontres et scènes furtives qui se succèdent au fil des flâneries, des escapades ou marches au long cours de l'auteur, de chemins creux en tourbières et de ports en pubs.(Dos du livre).
*James Sacré
Tissus mis par terre et dans le vent
Photographies de Bernard Abadie
Le Castor Astral, 2010
13 €
" Depuis Bocaux, bonbonnes, carafes et bouteilles (comme), livre déjà accompagné de photographies de Bernard Abadie, j'avais le désir de poursuivre ma rêverie/réflexion (continuée d'ailleurs avec d'autres photographes comme Jacques Clauzel et Lorand Gaspar) sur les rapports possibles entre le poème et la photographie. J'avais aussi le désir de revenir sur le motif du " linge ", modulé ici en " tissus ". Bernard m'ayant montré une série de photos, l'ensemble Tissus mis par terre et dans le vent fut le produit de cette nouvelle rencontre. [...] Le sujet de ces photos fait signe à la fois du fond de l'enfance et du fond de voyages vécus : un long tissu de vie aussi insaisissable que l'insaisissable soie d'une eau qui paraît dans les dernières photos. Le poème s'est aussi demandé si le photographe ne l'avait pas par avance photographié plutôt que lui n'aurait écrit les photos. Que fait le poème devant le tissu du monde, devant des photos qui ont vu ce monde ? " (James Sacré, dos du livre)
*Jean-Patrice Courtois
Les jungles plates
Nous, 2010
28 €
Poezibao publiera cette semaine une note de lecture d'Antoine Emaz à propos de ce livre
" Piquer des roses dans les oreilles, c'est conjuguer chapeau, mathématique et moindre pâleur. Composer avec la divergence, c'est autre chose. Ça peut faire apparaître qu'on est moins intelligent que son stylo, qu'on fait l'inverse pour voir ce que ça donne, qu'on apparaît comme un intervalle libre. On sait, relativement au temps, que quelqu'un qui met son chapeau et sort rend le mot " sorti " dans " il est sorti " incompréhensible. La dissonance, ce n'est que l'aurore.
Le hasard des hypothèses ne fait pas toujours bien les choses. Mais l'inexplicable nous est agréable et nous voyons la forêt qui marche à reculons.
Vite, vite, il est temps d'écrire tout cela sur papier permanent. " (Dos du livre)
*Martin Rueff
Différence et Identité
Michel Deguy, situation d'un poète lyrique à l'apogée du capitalisme culturel
coll. le Bel Aujourd'hui, Hermann, 2009
28 €
" Les questions des spécialistes de la poésie ne sauraient être étrangères au public le plus large. J'ai voulu mettre face à face ceux qui ont fini par se tourner le dos : les poètes et leurs lecteurs professionnels, chagrins de la désaffection du grand public, le grand public, irrité de la difficulté des propositions de la poésie contemporaine. Je me suis demandé pourquoi l'art moderne avait réussi à imposer ses visions et pas la poésie. Il fallait donc s'expliquer, et expliquer ce que font les poètes.
En consacrant une étude à Michel Deguy, l'un des plus grands poètes français contemporains, je me suis donc proposé de procéder comme un critique d'art : me situer sur le plan même de la création d'un inventeur de formes.
Je me suis demandé ce qui faisait la singularité de Michel Deguy. J'ai trouvé que sa poésie et sa poétique rencontraient la question qui a dominé la pensée et l'existence depuis une bonne cinquantaine d'années : celle du rapport de l'identité et de la différence. Comme il est hautement révélateur que cette rencontre ait d'abord eu lieu en poésie, j'ai compris que la " question " du rapport poésie et philosophie était mal posée. "
Martin Rueff
Poète, critique et traducteur, Martin Rueff enseigne à l'université de Paris VII-Denis Diderot. Il est corédacteur en chef de la revue Po&sie.
Il a publié notamment Icare crie dans un ciel de craie qui a obtenu le Prix international de la poésie francophone Ivan Goll et le Prix Henri Mondor de l'Académie française.
*Charles Juliet
Lumières d'automne
Journal VI. 1993-1996
P.O.L.,2010
14,90 €
Une quinzaine d'années séparent Charles Juliet de ce Journal qui paraît en ce mois de février 2010, mais quelle importance ? Il se reconnait d'autant mieux dans celui qu'il était à cette époque que le besoin qui le poussait à tenir un Journal ne la pas quitté. Ce besoin est apparu à l'adolescence quand, écrasé d'angoisse, il a pris conscience que le temps l'entraînait inéluctablement vers la mort. Pour éviter que tout disparaisse de son existence, il fallait réagir, garder trace de ce qu'il vivait, recueillir dans des notes le meilleur de ce qui lui était donné.
Les années ont passé et l'automne tant attendu a fini par venir. L'automne, saison du déclin, mais aussi saison des récoltes, de l'abondance, de la maturité. En ces mois de l'année, la lumière qui certains jours inonde les champs n'est plus celle de l'été. De même, sous l'effet du temps écoulé, la lumière interne s'est modifiée. Enfin stable, apaisée, elle est désormais plus claire et plus vive.(Dos du livre, extraits)
*Frédéric Musso
L'Imparfait du fugitif
La Table ronde, 2010
14 €
" Sur la plage, un enfant détruit son château. Dans le pêle-mêle de ses ombres une jeune fille donne congé au soleil. Le doigt sur la couture du vent tu attends la nuit qui va tomber avec un bruit de métaphore brisée. Leçon de choses d'ici-bas."
L'Imparfait du fugitif est un recueil à fleur de peau, dans lequel Frédéric Musso explore la "lumineuse inclusion" par laquelle les mots atteignent le réel. ( Sur le site de l'éditeur)
*Jean Métellus et Tania Pividori
Voix libres
Poèmes et chansons
Le Temps des cerises, 2010
20 €, CD inclus
" La poésie n'est jamais là où on l'attend. Elle fait rêver, grandir le monde. Elle est souvent devenue chanson, slogan, aide-mémoire. Elle est nécessaire.
Jean Métellus et Tania Pividori jouent ici de la musique des mots qui nous porte des rives bleues de la méditerranée aux couleurs éclatantes d'Haïti.
Ils célèbrent un chant premier, une poésie sans autres confins que ceux de la parole féconde, que ceux de l'envie de libérer d'étranges turbulences, de démultiplier l'essence d'une parole poétique aux timbres inattendus.
Une musique polyphonique se déploie et donne un son au sens, nourrit l'imagination comme un parfum, libère la parole.
Avec ses complices, Patricio Villarroel au piano et Pablo Cueco au zarb, Tania Pividori chante les mots et le temps, rythme les émotions, détourne les harmonies entre chanson contemporaine et suave mélodie. "(site de l'éditeur)
Ecouter des extraits.
*Samuel Rochery
Odes du studio Maida Vale
Coll. Ovni Poésie, le Quartanier
8 € - sur le site de l'éditeur
Les odes envisagent une technique de chant sous l'angle de la commandite. On y célèbre des gens. On y fait de la pub pour une vie qui ressemble à ce qu'elle peut dire - pensée, aimée, inventée, jouée. L'ampli d'un studio, varié sur le nom possible de " poème ", sert à filtrer le son et le sens que produit une versification - essayiste, fictionnante - électrifiée par quelques consciences actuelles. En marge, peut-être, des concerts du monde. (Dos du livre)
*Chantal Danjou
Les Amants de glaise
Rhubarbe
13 € - sur le site de l'éditeur
Qu'y a-t-il de plus vulnérable qu'un amour sinon la vie elle-même ? En seize séquences restituées dans l'ordre chronologique, la narratrice de ce récit en fait l'expérience. Si l'écriture lui permet de substituer à l'absence de son amant l'empreinte des mots sur la page blanche d'où la passion devrait surgir avant de s'effacer, peut-être, la narratrice en question ne la sacralise en aucune façon, parfaitement consciente du décalage existant entre chaque moment de bonheur - fugace par définition - et sa restitution écrite. Où se situer alors ? Comment évoquer des lieux traversés alors que la disparition d'un des protagonistes change toute perspective ? Comment oser être heureux ? C'est bien l'enjeu de ces " Amants de glaise " si épris d'eux-mêmes, de leur complicité - et parfois de leur désir - que leur amour pourrait se briser comme une illusion. Aimer, c'est renaître mais sans l'innocence. Comment survivre à la disparition de l'amant ? Avec quels mots l'écrire et pour quel confident ?
Ce n'est pas un hasard si L'Eternel Retour de Jean Delannoy traverse ce récit furtivement, comme une silhouette happée par la brume. " Nous aurions pu vivre une belle histoire d'amour " laisse échapper la récitante. (Denis Emorine, dos du livre)
Le Mot de la fin
Apogée, 2010
13 € - sur le site de l'éditeur
C'est une suite de face à face ombrageux dans l'urgence, entre une grand-mère à la mémoire trouée et sa petite-fille attentionnée (mais dépitée) que restitue Guénane tout au long de ce récit. Le huis clos a lieu à l'hôpital. Dans un théâtre où le mot " norme " relève de l'imaginaire et où l'humour ne peut s'empêcher de venir contrebalancer la mauvaise foi de la malade. Voyage au pays des " mères vieilles ", là où la vie flanche, là où tout grince, même les secrets, là où Le Mot de la fin laisse les vivants sans voix.
Guénane est née en 1943 à Pontivy. Après avoir longtemps séjourné en Amérique du Sud, elle vit désormais près de Lorient. Elle a publié plusieurs recueils de poèmes aux éditions Rougerie. Le plus récent est Couleur femme en 2007. Elle est également l'auteur de livrets sur les îles aux éditions La Porte et de Brèves de cale (récit, Chemin faisant, 2008).
*Jean-Claude Le Chevère
La Cour des Petits
Apogée, 2010
15 € - sur le site de l'éditeur
C'est dans les méandres d'une enfance entre les murs, dans le roman d'une éducation âpre, menée à l'aveugle par des instructeurs au discernement altéré par leurs propres convictions, que nous invite à pénétrer Jean-Claude Le Chevère.
De son écriture sobre et précise, l'auteur fait ressortir avec beaucoup d'humanité les caractères forts de ses personnages que nous avons tous rencontrés un jour ou l'autre entre salles de cours, couloirs, dortoir et réfectoire, que nous reconnaissons comme s'ils faisaient partie de notre propre existence.
Il nous restitue le quotidien, la réalité, les rêves, les conflits, les affinités et les émotions des petits pensionnaires qui, bien qu'enfermés, n'en aspirent pas moins, à l'instar du narrateur, à la liberté.
Jean-Claude Le Chevère est né en 1948 dans les Côtes-d'Armor. Il vit à Saint-Brieuc. AprèsMais le vert paradis en 2006, La Cour des Petits est son deuxième roman publié chez Apogée. Il est également l'auteur de trois livres parus aux éditions Folle Avoine.
*Denys-Louis Colaux
Un Tailleur d'allumettes
L'Arbre à paroles, 2010
12 €
Si vous avez l'air de grands cochons devant l'aube ; si vous brûlez au graal affolé du soleil ; si encore vous rêvez à la poésie comme à la force des écluses ou si vous êtes toujours en pourparlers avec la parole....
Denys-Louis Colaux est né en 1959. Il est l'auteur de plusieurs recueils de poésie publiés notamment aux Éditions Maelström, de l'Harmattan et du Cygne.
*Jean-Baptiste Pedini
Peut-être à minuit
coll. 8pA6, n° 36-36 e édition, 2010
12 €
" Vient un temps où l'appareil s'arrête, où il faut faire le vide, laisser reposer la machine avant de repartir sur un nouveau programme. Un tour d'amnésie, du brouhaha plein le tambour. "
*Pierre Tréfois
Offertoire rouge
L'Arbre à paroles, 2010
12 €
" Homme de conviction autant que de culture, Pierre Tréfois, comme tout véritable humaniste, aime à les décliner au pluriel, de Ronsard à Nietzsche, Valéry et Izoard. Avec cet Offertoire rouge, en " taiseux passeur clandestin " épris de musiques entre Léonard Cohen et Arthur Schnittke, le poète nous convie à un voyage en trois temps de méditation : sur la chute à travers le mythe d'Icare, les amours perdues Sur l'autre lèvre de la rive, hantées par le " désir de ce qui n'est plus " de Cioran et la traversée d'un paysage. Trois temps et en filigrane, trois peintres : Breughel, Bosch et Magritte. (Francis Chenot, dos du livre)
* Saraswati
Revue de poésie, d'art et de réflexion
L'expérience poétique, regards croisés de cinquante et un poètes contemporains.
Numéro 10, décembre 2009
25 € - site
Parmi les contributeurs de ce fort numéro notamment Jacques Ancet, Silvaine Arabo, Georges Cathalo, M.J. Christien, Michel Cosem, Chantal Dupuy-Dunier, Mathieu Gosztola, Jean-Pierre Lesueur, Jean-Luc Maxence, Martine Morillon-Carreau, Anne Mounic, Claude Mourthé, Colette Nys-Mazure, Cécile Oumhani, etc.
*Bernard Baascoll. Le Bel aujourd'hui, Herman, 2010
44 € - sur le site de l'éditeur
NDLR : c'est tout à fait intentionnellement que Poezibao présente ce livre entièrement dédiée à la voix. A partir de la réflexion que voix et poésie ont partie intimement liée. Avec remerciements à Ronald Klapka pour avoir signalé cet ouvrage important : voir ici
" L'expérience atteste que la voix est intimement liée à la parole et au sujet parlant. Pourtant, dans cette parole même, la voix tend à se délier du discours et à faire entendre sa résonance propre. Telle est la voix déliée. C'est la voix appelante dont l'intonation résonne dans le sujet pour requérir de lui qu'il s'arrache aux arguties du discours. C'est aussi la voix chantante qui cherche à s'affranchir de la parole pour jouir librement d'elle-même. De diverses manières, la voix déliée met en jeu la jouissance de ce que Lacan nommait la " pulsion invocante " : voix cruelle de l'injonction morale, voix de la dette de l'existence, voix de la jouissance musicale... Ce sont ces diverses modalités de la voix qui sont ici explorées en compagnie de Platon, Rousseau, Kant, Freud, Hegel, Kierkegaard, Lacan, Mozart, Leibniz, Bach... C'est dire que ce livre s'adresse aussi bien aux philosophes, aux psychanalystes, aux musicologues, aux mélomanes... et, en général, à tous ceux qui ne sont pas sourds à l'appel de la voix.
Bernard Baas, professeur agrégé, docteur en philosophie, enseigne en classe de khâgne à Strasbourg. Les ouvrages qu'il a publiés ont été traduits en plusieurs langues étrangères.