Aller ou ne pas aller en Birmanie ?

Publié le 14 février 2010 par Argoul

Pays mal connu, plus vaste pays d’Asie du sud-est, la Birmanie doit à la Chine l’essentiel de son peuplement et à l’Inde sa culture bouddhique. Pays fascinant, mystérieux. Il tient 2000 ans de bouddhisme. A ce « royaume indianisé », l’Inde a apporté mythologie, arts, littérature, écriture et langue,  tout cela a façonné le pays.

Les hommes portent en bas le longyi ancestral (une pièce de tissu que l’on enroule autour de sa taille et qui descend jusqu’aux chevilles. Il est à carreaux pour les hommes, avec des motifs variés pour les femmes). Ils portent en haut le eingyi (chemise en soie). Les femmes se maquillent avec le tanaka et fument de gros cheroot (cigare birman). Rouge, jaune, orange, marron, safran sont les robes des moines, des milliers de pagodes dressent leurs flèches d’or vers les cieux. La Birmanie est un pays voué au bouddhisme, la religion imprègne la vie quotidienne.


  
Rebaptisée Myanmar en 1989, c’est l’un des plus secrets pays au monde mais l’un des plus étonnants. La junte militaire tient le pays d’une main de fer et font contrebande de tout aux marchands chinois, les droits de l’homme y sont foulés aux pieds.

Ma question avant ce voyage : devais-je boycotter ce pays sous la coupe d’une junte militaire ? Ou devais-je au contraire m’y rendre pour rencontrer les Birmans ? Réponse à la question : j’y suis allée. Chacun voit comme il sent.

Quel contraste entre la répression de la junte militaire au pouvoir depuis 1962, et les sourires des Birmans, l’or des pagodes !

Sur 676 577 km² vivent 53 millions d’habitants soit 70,6 habitants au km². Le pays se situe entre 10° et 28° de latitude nord et se trouve traversé par le tropique du Cancer. Une multitude d’ethnies se mêlent Birmans 75%, Shans 11%, Rakhines 6%, Karen 5%, Môns 3%, Kachin 2,5%, des Chins Hmong, Nagas, Akka, Padaungs, Lisous, Kadu. Il y a encore quelques 150 000 Chinois et 800 000 Indiens.

Les Chans ou « peuple libre » se reconnaissent à leurs turbans, aujourd’hui une simple serviette éponge. Les hommes arborent de larges pantalons bleu foncé ou noir, drapés à la ceinture. Les femmes s’habillent jusqu’à 14 ans d’une blouse et d’un pantalon, ensuite de jupes colorées. Vers la quarantaine, elles seront tout en noir jusqu’à leur mort.

Les Birmans sont de confession bouddhiste Theravada. Le bouddhisme est omniprésent dans leur vie quotidienne. Il se dit qu’ils consacreraient 10% de leurs revenus à l’entretien des pagodes. Chaque Birman a passé au moins une semaine, un mois, une année dans un monastère. Vers l’âge de 10 ans les garçons deviennent novices, d’autres y demeurent car le monastère est le seul moyen d’accès à l’éducation.

Lors de mon séjour en Birmanie, les universités avaient été fermées par la junte. Certains consulats et ambassades étrangers servaient de lieu de cours pour diverses options mais les cours de médecine entre autres ne pouvaient être donnés dans ces conditions sans travaux pratiques. Un peuple inculte est plus facile à manier. Notre guide était un ancien professeur d’université limogé par les autorités. Il avait subi en prison des tortures, raffinées, et son père était lui-même décédé en prison. La famille n’avait jamais pu récupérer le corps.

Sabine

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