«Il faut aimer la vie, même dans ses formes les moins attirantes.» (Jacques-Yves Cousteau)
Regarder la mer engloutir les cabines, caresser les poissons au coin du feu, danser comme une algue en matant le ciel déformé, Ce très cher Serge est le troisième album du groupe Aquaserge, issu des fonds trépanés d'un inconscient collectif qui fait glou-glou.
Il fut un temps où se réveiller tôt était une bénédiction. Les parents dormaient encore, on pouvait allumer la télé, profiter d'un peu de temps libre avant l'aurore, bien au chaud dans le silence du presque nuit. Bien évidemment sur l'écran, l'étendue des possibles était bien mince, ne restait alors que les documentaires écolo-flippants de Cousteau, un grand navigateur au corps effiloché dont le bout rouge était un repère au milieu du nul part. Aujourd'hui, on en conserve encore quelques bribes d'images floutées par le temps dégarni. De longs travellings silencieux rythmés par une voix spatiale d'un septuagénaire, le vide intersidéral des territoires vierges et l'ombre d'espèces vieilles de plusieurs millénaires. Tout ça, c'était l'enfance, la virginité avec quelques bulles d'air au fond. Et puis allez savoir... Cousteau, c'était peut-être le Keith Richards d'une génération d'aquariophiles.
A vingt mille lieues de toute comparaison, Ce très cher Serge cache sous son écaille dix chansons issues de l'école de Canterbury, dix odes aquatiques à placer entre Rock Bottom, Odessey and Oracle et Amon Duul 2. Hélas, tout comme Brian Jones (ou Claude François, pour les incultes), les français peinent à nager en eaux troubles ; qui saura se faire l'écho de leurs aventures périlleuses ? En attendant le miracle, de ce disque conceptuel, on retient la poésie dada et plusieurs longs voyages sans retour. Beau comme un dauphin échoué sur le bord de mer. Et courageux comme une truite remontant les courants.
Aquaserge // Ce très cher Serge (spécial origines) // Maximal Vinyl Records
http://www.myspace.com/aquoisersje