Je relis Marguerite Duras. Je retrouve la même fascination depuis trente ans et je ne sais pas de quoi elle est
faite dans son écriture. On a beaucoup parlé de ténuité à son propos mais je crois que le vide est rempli par l'espace poétique, son espace poétique construit sur ses souvenirs, ses obsessions.
D'Indochine notamment. J'ai relu Emily L. qui m'a fait penser à Lol V. Stein. Et j'y ai noté ce passage, à propos de poésie, justement :
" Elle croyait que lorsque des poèmes étaient écrits dans un pays donné, très vite ils se répandaient ailleurs, propulsés par leur seule évidence, leur seule existence, au-delà des distances, des
ciels, des mers, des continents, des régimes politiques, des interdits. Elle était quelqu'un qui avait tendance à croire que partout on écrivait le même poème sous des formes très différentes.
Qu'il n'y avait qu'un seul poème à atteindre à travers toutes les langues, toutes les civilisations."