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Voici une affaire intéressante car symptomatique du climat actuel. L'école des Beaux-Arts a fait retirer de sa façade l'installation d'une artiste chinoise détournant le slogan de campagne de Nicolas Sarlozy "travailler plus pour gagner plus". Le détournement, gentillet, s'apparentait plus à une blague de potache qu'à une attaque en règle contre le président. Pourtant, la direction des Beaux-Arts a rapidement fait retirer l'installation qui attendait à la "neutralité du service public". A ce compte, on pourrait faire supprimer toutes les expositions critiquant de près ou de loin certains régimes politiques autoritaires. Passons. Cet incident montre néanmoins que les institutions publiques pratiquent désormais une autocensure à grande échelle. Car soyons honnête : il n'y a sûrement pas eu de pressions du pouvoir pour faire supprimer cette installation. En revanche, on a devant nous une direction qui a peur de faire des vagues et qui s'auto-censure délibérément, histoire d'éviter toute critique. Processus de plus en plus visible mais pas nouveau. Les media entre autres sont coutumiers du fait (voir l'excellente analyse de Bourdieu dans "Sur la télévision"). Mais on sent une peur diffuse monter, limitant l'expression d'une pensée différente, même vaguement contestataire.