RockNRolla - A story of sex, thugs and rock'n roll

Par Ashtraygirl

Depuis le temps que j'en rêvais, de me vautrer dans la décadence la plus absolue en compagnie d'une bande de bandits ravagés en plein coeur de Londres...
A défaut de le faire en vrai, Guy Ritchie l'a fait!
Ce RockNRolla, je l'ai raté de peu à sa sortie en salles (vous me paierez ça, les mecs...), rompant l'un de mes voeux les plus sacrés - à savoir ne rater sous aucun prétexte un film incluant de près ou de loin ma mascotte Gerard Butler - pour coller la misère à un pote au bowling. J'ai eu ma demi vengeance, il s'est salement ramassé. Mais l'attente, elle, a été looooooooooongue....
Fort heureusement pour moi, elle se trouve récompensée ce soir, au format blu-ray, et a le bon goût de ne pas décevoir mes espoirs...
Mais d'abord, c'est quoi un rock'nrolla?
"It's all in the eyes. Junkies... I shit'em!"
Basiquement parlant, un rock'nrolla, c'est du grand n'importe quoi réuni dans une seule et même personne. Prenez un type lambda, grillez-lui deux bouts de cervelle, et proposez-lui ensuite toute sorte de défis plus saugrenus les uns que les autres. S'il se dit rock'nrolla, alors ce gars ne vous décévra pas, et vous en serez quitte pour de sacrées emmerdes, et de franches parties de rigolades... enfin, si vous êtes du bon côté de la barrière.
Dans le petit monde enchanté de la pègre londonienne, on distingue trois groupes majeurs: les rock'nrolla de base (sexe, drugs & rock'n roll), les truands à la petite semaine (philosophie rock'nrolla: qui vivra verra), et les vers pourris (gros vilains pas beaux pleins de fric). Viennent s'ajouter à ces grands groupes émigrés aux dents longues sauce Petrossian, junkies amateurs de visons et autres joyeusetés types hommes bioniques. Mettez-le tout dans un shaker, agitez vigoureusement, et vous obtiendrez la recette magique de Guy Ritchie: une histoire fabuleusement incohérente (en apparence), orchestrée par des personnages improbables oscillant entre caricature assumée et atypisme bien géré, soulignée par une bande son de malade, sur un terrain de jeu des plus réjouissants.

On se trouve dans la situation désormais familière du "sac de noeuds": un film choral, dont l'intrigue sinueuse et très très embrouillée ne devient très vite que le prétexte à un panel de quiproquos, dialogues, courses-poursuite et autres scènes d'anthologie à l'humour désarmant. Pour resituer: A veut doubler B qui veut doubler C tout en doublant A qui va utiliser C pour retrouver D pour abattre B... Vous saisissez? Non? Tant pis. Car il en faudrait, des lignes, pour vous présenter comme il se doit les membres de La Horde Sauvage (Gueule d'Ange, Cookie, Messes Basses, One Two...), les Russes, Johnny Quid, Archie et Lenny. La galerie de personnages à elle-seule justifie bien une étoile pour ce film. Car non content de nous livrer une pléiade d'urluberlus épatants, Guy Ritchie a su harmoniser leurs échanges à la perfection. C'est grinçant, cynique, drôle, cocasse, mais jamais fade. Un excellent point quand on est à la tête d'une telle chorale...

J'ai tapé un nombre de fous rires impressionnants devant RockNRolla. Sans mentir, je me suis franchement bidonnée, d'autant que ce ne sont pas les occasions qui manquent (bon, l'humour "british", je suis fan, donc ça aide, forcément). Dans le désordre, j'ai surkiffé: la soirée chez Stella (Thandie Newton, impecc'), à peu près tous les échanges entre One Two (qu'on interdise à Gerard Butler de faire autre chose que ça!), Gueule d'Ange et Messes Basses, la course-poursuite avec les Russes (formidable, hilarante, épique!), le numéro de Johnny Quid (Toby Kebbell, fantastique en junkie érudit), le braquage de la bagnole des banquiers (faut songer à prendre des cours, les gars), et la leçon magistrale d'Archie (Mark Strong, excellentissime, confirme ici tout le bien que je pensais de lui) dispensant ses connaissances en matière de baffes. Du pur bonheur! Et ça, couplé à la bande originale galvanisante (The Subways, magnifiques), à la mise en scène inventive, nerveuse, vivante, comme dopée à l'ecsta, ça mérite deux autres étoiles. Parfaitement m'sieur'dames!
"What do you think we are? Gangsters?"

L'étoile manquante, elle sanctionnera le côté indigeste de cette tête brûlée. C'est piquant, c'est délicieux, mais ça reste un peu sur l'estomac. Deux raisons à cela: un scénario globalement en berne, et un rythme trop décousu. J'ai beau avoir un maximum de sympathie pour ce film, l'histoire, elle, ne décolle pas. Prétexte aux pitreries de la Horde et autres coups de sang de Lenny, l'intrigue qui s'annonçait pourtant superbement alambiquée dans ses premières minutes, retombe comme un soufflé et ne réserves plus de surprises scénaristiques, si ce n'est dans le comique de situation, exploité à l'envi. On est loin de l'histoire à ressorts multiples, à la fin de laquelle tout finit par partir en vrille. Le côté jubilatoire est là, mais un accent plus pompeux aussi. En cheville avec une cadence secouée d'arithmies, le tout perd hélas de son ampleur, et sème en chemin ce qui aurait achevé de faire de RockNRolla le film ultime de gangsters dans le vent. Peut-être une prochaine fois, Guy!



*Indice de satisfaction:  +
*1h54 - Américain - 2008 - by Guy Ritchie
*Cast: Tom Wilkinson, Mark Strong, Gerard Butler, Toby Kebbell, Idris Elba, Thandie Newton, Tom Hardy, Karel Roden...
*Genre: Sex, drugs & rock'nrolla
*Les + : Un casting aux petits oignons, une avalanche de séquences rocambolesques cultes, le bon bain, la bonne sauce...
*Les - : Un scénario un poil plus exploité aurait fait des merveilles.
*Liens: Fiche film Allocine
*Crédits photo: © StudioCanal