"Le 10 mai 1944, à Philadelphie, est proclamée la première Déclaration internationale des droits à vocation universelle. Après les monstruosités de la guerre, il s’agissait de bâtir un nouvel ordre international qui ne soit plus fondé sur la force, mais sur le droit et la dignité humaine ; un monde où l’organisation économique serait subordonnée au principe de justice sociale. C’est la perspective inverse qui préside à l’actuel processus de globalisation : à l’objectif de justice sociale a été substitué celui de la libre circulation des capitaux et des marchandises. On indexe les besoins des hommes sur les exigences de la finance, on traite les hommes comme du « capital humain ». La foi dans l’infaillibilité des marchés a remplacé la volonté de faire régner un peu de justice dans la répartition des richesses, condamnant la foule des perdants à la migration, l’exclusion ou la violence. L’objectif de ce livre est d’analyser ce processus de renversement, qui semble avoir aboli les leçons tirées de la période 1914-1945. Mais il est aussi de montrer que cet esprit garde toute son actualité pour ceux qui n’ont pas renoncé à l’idéal d’un monde où tous les hommes, quels que soient leur race, leur croyance et leur sexe, auraient le droit de poursuivre leur progrès matériel et leur développement spirituel dans la liberté et la dignité, dans la sécurité économique et avec des chances égales."
Cet article a été publié le 9 février sur le site de la revue du Mouvement Anti Utulitariste dans les Sciences Sociales -M.A.U.S.S. permanente. Il présente un livre de Alain Supiot (professeur de droit à l'université de Nantes)- "L'esprit de Philadelphie"-la justice sociale face au marché total- Editions Seuil-
Présentation du livre et discussion avec son auteur dans le cadre des matins de France Culture (26-01) -par ici la bonne soupe
-merci à Jean-Christophe pour l'info