"Le troisième point que je souhaite évoquer concerne la vidéosurveillance.Claude Bartolone a résumé les défauts du nouveau projet de loi LOPPSI en accusant hier le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, de vouloir « faire de la sécurité sans policiers ».
Pas de faux débat entre nous, j’en ai moi-même fais installer en qualité d’élu régional dans un certain nombre de lycées dont j’avais la responsabilité. Mais la vidéosurveillance n’est pas un remède miracle. Ce n’est pas une réponse à tout, elle n’est pas non plus inutile.
Je vais vous citer l’exemple de la commune dont je suis l’élu. Elle a décidé d’installer, l’année passée, treize caméras. Cela a coûté à La Courneuve 543 000 euros en d’investissement et 242 000 en fonctionnement, soit un total de 785 000 euros, auxquels il faudra ajouter, chaque année, les dépenses de fonctionnement. La subvention accordée à cette commune pour l’installation des caméras a été de 104 000 euros, soit un coût pour cette ville de 680 000 euros, sur une année, pour faire fonctionner ses caméras.
Indépendamment de l’utilité ou non, nous sommes dans une situation que je qualifierai du « tout vidéosurveillance », et non pas de la vidéosurveillance. Il s’agit pour l’État d’une sécurité low cost. Elle est de moindre coût pour l’État, puisqu’elle substitue la technologie à la police de proximité, elle est à moindre coût car elle fait prendre en charge sa mise en place par les municipalités.
Aucune étude sérieuse n’a permis de vérifier l’utilité du dispositif pour améliorer la prévention et éviter le passage à l’acte. En revanche – il faut le reconnaître – pour l’élucidation d’un certain nombre de faits constatés, les forces de la police nationale ont pu utiliser les images prises pendant cette année. Il faut savoir que 115 images ont été réquisitionnées par le commissariat local. Cela signifie qu’une image utilisée pour l’élucidation des faits a coûté à l’ensemble de la puissance publique 6 826 euros. Sur cette somme, la ville a dépensé 5 913 euros pour une seule image utilisée.
Nous disons donc que le « tout vidéosurveillance » n’est pas la solution. C’est votre politique et, de plus, vous la faites assumer par les collectivités territoriales.
De plus, selon nous, cela ne règle rien durablement. Ce n’est pas en pointant une caméra à un endroit que l’on réglera le problème de l’insécurité dans nos quartiers. J’affirme, pour conclure, que nous avons besoin, particulièrement dans mon département de Seine-Saint-Denis, d’une présence humaine plus nombreuse et plus encore dans les quartiers populaires qu’ailleurs, d’une présence humaine de proximité, de quartier, de territoire – appelez-la comme vous le souhaitez –, d’une présence humaine plus nombreuse permettant de rassurer, de dissuader, qui redonne confiance et qui sanctionne.
C’est tout cela que nous avions soutenu dans la démarche de Mme Michèle Alliot-Marie lorsqu’elle avait annoncé la mise en place des UTEQ. C’est ce à quoi nous étions attentifs lorsque l’on nous a parlé de la généralisation des unités territoriales de quartiers au cours de l’année passée. C’est ce que nous ne voyons pas venir dans la réalité quotidienne que nous vivons. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Pour le député de Seine-Saint-Denis, le gouvernement veut masquer les vrais problèmes en développant la vidéosurveillance.
"Le discours dominant, c'est le chiffre, pour essayer de montrer que la sécurité s'améliore alors que jamais comme cette année nous n'avons eu autant d'atteintes aux personnes, ce qui est la chose la plus difficile pour les Français ou ceux qui craignent pour leur sécurité.Pour aller plus loin :
Dans le même temps, il essaie de faire oublier cela en disant ce sont les caméras, la vidéosurveillance qui vont tout arranger"[*]
- http://www.rue89.com/2009/04/20/la-videosurveillance-ca-coute-cher-et-rien-ne-dit-que-ca-marche
- http://eco.rue89.com/tag/videosurveillance